Le dispositif ASAFO, acronyme pour « Alerte sécurisée aux fausses ordonnances », est désormais déployé dans toute la France. Cet outil, qui n’était disponible qu’aux officinaux installés en Île-de-France avant le début de l’été, doit améliorer le repérage et le signalement des fausses ordonnances.
Ce lundi 5 août, l’assurance-maladie a confirmé au « Quotidien du pharmacien » que le déploiement national d’ASAFO était « effectif ». Initialement annoncée pour le 12 juin, la mise à disposition à tous les pharmaciens de cet outil qui sert à la fois à signaler et à repérer les fausses ordonnances a pris un peu de retard. Depuis le 2 août, ce nouveau téléservice est donc disponible sur tout le territoire via le site amelipro.fr. ASAFO n’est pour l’instant pas connecté aux logiciels métier. Pour y avoir accès, les officinaux doivent se connecter à amelipro avec leur carte CPS, e-CPS ou CPE puis cliquer dans le bloc « Activités » sur « Fausses ordonnances (ASAFO) ».
Une fois connecté, il est possible de consulter la liste des ordonnances confirmées comme frauduleuses dans toute la France même si la base de données est encore incomplète aujourd’hui. Pour chaque ordonnance, « les informations relatives au prescripteur mentionné, au bénéficiaire des soins, aux médicaments concernés et la copie numérique de la fausse ordonnance », sont précisées. Pour alimenter la base de données d’ASAFO et rendre cet outil le plus performant possible, il faudra bien sûr que les pharmaciens signalent les fausses ordonnances dont ils sont destinataires. « Ce nouveau service ne remplace pas l’échange avec le prescripteur en cas de doute sur une ordonnance, rappelle l’assurance-maladie. Si le prescripteur confirme que l’ordonnance est fausse, le pharmacien réalise le signalement via amelipro en ajoutant simplement la mention « Fausse ordonnance authentifiée par le prescripteur » sur l’ordonnance. Si le pharmacien n’a pas pu joindre le prescripteur, il peut réaliser le signalement via amelipro sans mention particulière », complète la CNAM.
La Sécurité sociale, qui a fait de la lutte contre les ordonnances falsifiées un objectif majeur, va continuer à sensibiliser les pharmaciens sur l’existence d’ASAFO tout au long de l’été. « Les officines recevront un mode opératoire détaillé expliquant le fonctionnement de l'outil », confirme la CNAM. Des délégués numériques en santé vont également continuer à rendre visite aux officinaux pour leur expliquer l’intérêt d’ASAFO. « Nous voulons nous assurer que tous les pharmaciens sont bien informés et prêts à utiliser cet outil dès sa mise en service, l'objectif étant une prise en main progressive de l'outil par toutes les officines d'ici début septembre », résume l’assurance-maladie.
Depuis la fin de la semaine dernière, des pharmaciens ont pu se connecter pour la première fois à l’outil ASAFO. Une expérience pas toujours très concluante si l’on se base notamment sur le témoignage de Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et titulaire en Côte d’Or. « Je suis tombé sur des ordonnances qui dataient de 2023, ce qui est un peu curieux lorsque l’on sait que la durée de validité du document ne peut être supérieure à un an. J’ai essayé de chercher un médecin en tapant son nom en lettres minuscules et cela n’a pas fonctionné car il fallait en fait l’écrire en majuscules ! Les numéros de Sécurité sociale des patients ne sont pas tous disponibles… Le système est un peu archaïque, regrette-t-il. Pour l’instant, les recherches au niveau régional ne fonctionnent pas mais cela est normal car la base de données n’a pas eu encore le temps d’être alimentée. Il va cependant falloir que ce système soit amélioré et vite car pour l’instant c’est difficile de l’utiliser », résume Pierre-Olivier Variot. Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset s’avoue, lui, plutôt satisfait par l’ergonomie et la facilité d’accès de l’outil ASAFO. « Il y a bien sûr des choses à améliorer. À l’avenir, il faudra que l’on puisse faire des recherches par département, cite-t-il notamment. Ce qui serait bien également c’est que l’on puisse utiliser nos logiciels métier pour scanner une ordonnance en cas de suspicion. Il nous faudrait une procédure qui vienne directement du LGO. Il y a des progrès à faire mais nous allons justement pouvoir dire quels axes d’amélioration nous souhaitons. Globalement je suis plutôt satisfait », résume Philippe Besset.
Malgré les quelques lacunes d’ASAFO, les pharmaciens sont invités à s’approprier l’outil dès aujourd’hui. Pour rappel, une ROSP de 100 euros est associée à l’utilisation de ce dispositif. Cette rémunération, prévue dans l’avenant à la convention pharmaceutique, sera versée aux pharmaciens qui se connectent au minimum une fois par semaine pendant 46 semaines par an.
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