Le Quotidien du pharmacien.- « Tout est possible ! Alors oui, j’ose ! ». Si on transpose votre devise au monde professionnel, cet appel à oser s’adresse-t-il à l’employeur, pour qu’il ose recruter une personne porteuse de handicap, ou à l’employé pour qu’il ose se faire confiance ?
Sébastien Bichon.- Au deux évidemment. Cette devise est universelle, c’est tout simplement dire qu’on ose la vie. Ne pas oser résulte bien souvent d’une peur. Peur de l’inconnu pour l’employeur, peur de soi-même pour l’employé porteur de handicap. Quand j’ai commencé à faire du vélo, je lisais dans certains regards que je n’étais pas à ma place. J’ai prouvé le contraire. J’ai toujours fait ce dont j’avais envie, sans faire de mon handicap un handicap justement. J’aimais le vélo, j’en ai fait. La détermination et la persévérance sont des clés.
Vous parlez de détermination et de persévérance. Cela signifie-t-il qu’une personne en situation de handicap doit en faire plus que les autres ?
Aujourd’hui oui. Pour gagner le défi de l’inclusion, nous devons gagner la confiance en démontrant nos capacités. Certaines personnes vont se complaire dans leur situation et se servir de leur handicap comme excuse, comme joker, ce qui a tendance à desservir l’inclusion. D’autres au contraire sont incroyablement inspirantes à l’image de Marc, un homme aveugle avec qui, en 2023, j’ai eu la chance de faire un parcours de 1 000 km à vélo suivi d’une ascension à pied à plus de 4 000 m d’altitude (défi Cap 2024 Sans peur du Handicap). J’ai découvert tout ce qu’il apportait à l’entreprise dans laquelle il travaille, parce que son handicap le pousse à être force de proposition. Il a développé des aptitudes qui suscitent l’admiration et font de lui un élément moteur pour l’entreprise. Ce sont ces témoignages, ces expériences, qui peuvent faciliter l’inclusion professionnelle, à condition de les rendre plus visibles.
Et à condition de laisser aux personnes en situation de handicap l’opportunité de faire leur preuve. Or le handicap reste la première cause de discrimination…
Il existe effectivement une réticence persistante à recruter une personne porteuse de handicap. Mais cette réticence peut s’estomper comme elle s’est estompée dans le monde sportif. En 2000, lorsque j’ai gagné ma médaille de bronze, j’ai eu une interview éclair sur France télévision. Quelques secondes tout au plus. Les médias avaient des œillères, pensant que les audiences pour les épreuves de handisport n’intéresseraient personne. On constate aujourd’hui que ce raisonnement était faux et, vingt-quatre ans plus tard, les jeux paralympiques sont diffusés à la télé. Si on fait un parallèle avec le monde professionnel, cela signifie qu’à partir du moment où les compétences pour un poste sont réelles, le handicap devient secondaire. Les employeurs devraient surtout considérer la personne dans sa globalité, être attentifs à ses qualités professionnelles et humaines sans focaliser sur le handicap.
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