LA POSSIBILITÉ donnée aux pharmaciens de participer aux programmes d’éducation thérapeutique du patient est une réelle opportunité. Les pharmaciens, par leur exercice de proximité sont l’accès privilégié pour les malades qu’ils suivent, notamment ceux qui sont atteints de la maladie chronique, comme le diabète. L’ETP vise à rendre le patient plus autonome en facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en améliorant sa qualité de vie. Le malade « s’approprie » sa maladie et son traitement.
Les pharmaciens d’officine ont certes toujours tous expliqué la pathologie et le traitement au patient : ces conseils accompagnent la délivrance, mais cela n’était jusqu’à présent ni normalisé, ni évalué.
« Aujourd’hui, la mise en place de programme d’éducation thérapeutique du patient, nécessite une véritable coordination et une coopération entre différents professionnels de santé. Chaque professionnel de santé en fonction de ses compétences peut intervenir », explique Martial Fraysse, conseiller ordinal, membre du groupe de travail sur l’ETP au ministère de la Santé.
« Les programmes d’éducation thérapeutique du patient sont à distinguer des actions d’éducation thérapeutique intégrée dans les soins de premier recours », précise-t-il.
Le diabète concerne plus de 30 % des programmes d’ETP.
Dans le cadre des décrets d’application de la loi HPST parus en août 2010, une première vague de demandes d’autorisation de programmes d’ETP a été déposée, en provenance des différents acteurs : établissements hospitaliers, réseaux de soins, associations de patients, associations de professionnels de santé…
« A ce jour 2 500 programmes d’ETP ont été déposés au niveau des directions des ARS en France. Ce sont surtout des programmes élaborés par des hospitaliers (74,8 %). On peut considérer qu’à peu près 800 pharmaciens interviennent dans ces programmes. Le diabète est la pathologie la plus concernée par les programmes d’ETP (30,5 %) devant les maladies cardio-vasculaires (15,8 %) et les pathologies respiratoires (12 %) » déclare Martial Fraysse.
Actuellement, de nombreux programmes diabète impliquant des officinaux sont en train d’être mis en place.
C’est ainsi que le réseau Paris Diabète a déposé un programme dans lequel les pharmaciens à l’aide d’un questionnaire vont faire du dépistage des patients qui ont besoin d’une éducation thérapeutique.
Un programme avec l’hôpital Bégin.
Un programme d’ETP diabète initié par le service d’endocrinologie de l’hôpital Bégin en collaboration avec le réseau des officines de ville de la zone de l’hôpital (200 officines) vient également d’être enregistré et est en train de se mettre en place. Le but est de sécuriser l’espace entre les visites médicales en conservant au malade sa qualité de vie, la meilleure possible.
« En effet, lorsque le patient diabétique sort de l’hôpital en ayant eu des séances d’éducation thérapeutique, mais lâché " dans la nature " avec une ordonnance de l’endocrinologue pour 6 mois, c’est le pharmacien qu’il va voir tous les mois et qui sera à même de lui poser les bonnes questions pour voir s’il suit bien ce qu’il a appris dans le programme d’éducation thérapeutique. Le pharmacien remplira un formulaire qu’il transmettra à l’hôpital. Ce dernier en fonction des résultats pourra dire s’il faut ou non réintervenir auprès du patient et s’il faut recommencer des séances d’éducation thérapeutique à l’hôpital. » explique Martial Fraysse.
Pour l’endocrinologue de l’hôpital c’est une assurance : les messages envoyés par le pharmacien lui permettent de savoir où en est le patient (poids, glycémie…). Le pharmacien est le témoin de ce qui se passe. Cela permet de sécuriser le parcours de sa maladie d’éviter une aggravation et diminue la morbidité entre chaque passage chez l’endocrinologue, en effet tous les malades n’ont pas de maladie intercurrente les amenant à revoir leur médecin traitant.
Les pharmaciens ont été formés par l’hôpital (4 séances de formation le soir sur la prise en charge du diabète…).
« 120 pharmaciens ont déjà été formés. D’autres vont l’être : tous les pharmaciens de la zone de l’hôpital peuvent participer, il n’y a pas d’exclusion », précise Martial Fraysse.
Des programmes commencent à être déposés un peu partout en France (dans le Gers, coordination d’actions de dépistage multidisciplinaires et d’actions de sensibilisation dans les domaines du diabète, de l’obésité et de l’hypertension, par exemple).
Ne pas hésiter à s’impliquer.
Contrairement à ce que l’on peut croire, il est assez facile de créer un programme d’ETP : il doit être mis en œuvre par au moins deux professionnels de santé de professions différentes (un médecin fait obligatoirement partie de l’équipe). Il est ensuite soumis à autorisation du directeur général de l’ARS du territoire où le programme est destiné à être mis en œuvre.
L’autorisation est valable pour une durée de quatre ans. Il est évalué tous les ans par les ARS pour voir si le programme est rentable.
Le cahier des charges des programmes d’ETP indique qu’un des intervenants (pas tous par conséquent) doit pouvoir justifier d’un minimum de 40 heures d’enseignements théoriques et pratiques suivies dans le cadre de la formation (initiale ou continue) ou une expérience de deux ans dans l’éducation thérapeutique des patients par l’intermédiaire de réseaux ou de services cliniques dans les hôpitaux.
« Le pharmacien n’est donc pas obligé d’avoir un DU d’éducation thérapeutique pour faire partie d’un programme, même si de plus en plus de pharmaciens en suivent. En général, les infirmières, les chefs de service à l’hôpital possèdent cette compétence », souligne Martial Fraysse.
Les pharmaciens ne doivent donc pas hésiter à s’impliquer. Fin juin, l’inventaire des programmes sera établi (sujets, lieux…) et les officinaux pourront alors s’intégrer dans les programmes.
Article précédent
L’art et la manière d’équilibre sa glycémie
Article suivant
High-tech, design et performances
TESTEZ-VOUS
L’art et la manière d’équilibre sa glycémie
Des programmes gagnants à suivre de toute urgence
High-tech, design et performances
Il faut être « le P-DG de son corps »
Bénéfices et limites de l’échange d’expériences
5 règles d’or pour éviter le pire
Questions de glycémie
Je suis diabétique, je mange équilibré, je fais du sport et je voyage
De la pompe à insuline aux greffes d’îlots de Langerhans
Monsieur Jean-Pierre B., 58 ans
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques