Dans quelques jours, quelques semaines tout au plus, des tests antigéniques sur prélèvement nasopharyngé vont être réalisés en pharmacie. Censés pallier les lacunes des tests RT-PCR, les tests antigéniques pourront être réalisés, sous certaines conditions, par les médecins, les infirmiers et les pharmaciens. En officine, le prélèvement pourra par ailleurs être effectué par les préparateurs et par les étudiants. La vente d’autotests est en revanche interdite.
Ces tests rapides, qui donnent un résultat en 15 minutes, pourront être proposés aux patients symptomatiques « âgés de 65 ans ou moins, qui ne présentent aucun risque de forme grave de Covid-19 (...) dans un délai inférieur ou égal à quatre jours après le début des symptômes », précise l’arrêté du 16 octobre. Contrairement aux avis de la Haute Autorité de santé (HAS), les personnes asymptomatiques pourront également être testées en pharmacie « hors personnes contacts ou personnes détectées au sein d’un cluster ». Gilles Bonnefond juge d’ailleurs de manière très positive l’ouverture aux personnes asymptomatiques, même s’il espère aller encore un peu plus loin. « Pourquoi exclure les cas contacts asymptomatiques ? Cela ne me semble pas totalement logique », s’interroge-t-il. Quoi qu’il en soit, aucun patient susceptible de venir se faire tester en pharmacie n’aura besoin d’une confirmation de résultat par RT-PCR. « L’arrêté est aujourd’hui beaucoup plus cohérent, se félicite néanmoins Gilles Bonnefond. Tel que cela est prévu, on évite à des patients de devoir être testés deux fois », précise le président de l’USPO.
Une organisation à mettre en place
Enjeu de taille qui suscite de nombreuses questions chez les officinaux depuis que l’arrivée de ces tests antigéniques se précise, comment s’organiser pour pouvoir les réaliser dans de bonnes conditions ? Au-delà de ce qu’impose l’arrêté, à savoir « disposer de locaux adaptés, dont un espace de confidentialité pour réaliser l’entretien préalable », comment éviter que des patients positifs et négatifs se croisent au comptoir ? Et comment mettre en place des créneaux horaires pour réaliser le prélèvement et le test sans que cela empiète trop sur les autres activités ? Pour le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), il est évident que toutes les pharmacies ne pourront pas s’impliquer. Philippe Besset insiste d’ailleurs sur l’importance du volontariat pour cette nouvelle mission. « Si un pharmacien estime qu’il n’est pas en capacité de faire ces tests ou que ce n’est pas pertinent pour sa patientèle, il ne faut surtout pas qu’il s’y mette. Ce ne sera pas forcément possible, ni utile pour des officines rurales, par exemple », estime-t-il, même s’il présage, de manière assez ambitieuse, « qu’une pharmacie sur deux proposera des tests antigéniques ».
La peur de manquer d’équipements de protection individuels (EPI) obligatoires (masques FFP2, blouses, gants, charlottes, lunettes de protection ou visière) suscite également des doutes chez certains officinaux, mais Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), se veut rassurant sur ce point. « Nous avons référencé différents fournisseurs et beaucoup de groupements ont anticipé ces besoins en équipement. » Concernant les tests validés par le ministère de la Santé et bénéficiant du marquage CE (liste disponible sur le site du ministère), « les stocks des fournisseurs sont suffisamment dotés », souligne Laurent Filoche, qui perçoit un certain engouement chez les officinaux. « Il faut maintenant laisser le temps aux pharmaciens de se former (voir ci-dessous) et de définir le prix bien sûr. Il faudra donc attendre au moins jusqu’à novembre pour voir les premiers tests réalisés en officine. À ce moment-là, les équipes ne seront plus, ou presque plus, occupées à vacciner contre la grippe, elles auront donc beaucoup plus de temps », précise-t-il enfin.
Un prélèvement naso-pharyngé à 9,60 euros
À quel prix les pharmaciens pourront-ils finalement facturer ce nouveau TROD ? Selon Gilles Bonnefond, ce prix serait de 34 euros. « J’avais averti la CNAM, qui voulait 30 euros, que si l’on fixait un prix trop bas ce ne serait pas rentable et que très peu de pharmaciens s’y mettraient. À 34 euros, c’est un peu mieux mais je regrette tout de même que l’on ait mégoté sur le prix », déplore le président de l’USPO. Par ailleurs, un forfait de 300 euros est prévu pour rémunérer la distribution des tests aux autres professionnels de santé. Si le prix de l’acte doit encore être précisé par arrêté, celui du prélèvement, lui, est déjà fixé par les textes : « 9,60 euros pour un prélèvement naso-pharyngé et 5,76 euros pour un prélèvement salivaire ou oropharyngé ».
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