Selon des informations révélées par « Le Canard enchaîné », 135 000 boîtes de Paxlovid pourraient bientôt être jetées car leur date de péremption a été dépassée. Un gâchis dont le coût s’élèverait à plus de 100 millions d’euros pour le ministère de la Santé.
Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir), antiviral oral de Pfizer indiqué dans le traitement du Covid-19 chez les adultes qui n’ont pas besoin de supplémentation en oxygène et qui présentent un risque accru d’aggravation de la maladie, avait nourri beaucoup d’espoir lors de son arrivée sur le marché français, en février 2022. L’État avait alors commandé un demi-million de boîtes « à un tarif tenu secret », rappelle un article publié par « Le Canard enchaîné ». Qu’est devenu ce traitement pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie plus de deux ans après avoir commencé à être distribué ? C’est à cette question qu’a voulu répondre le journal satirique.
Selon le palmipède, le bilan du Paxlovid en France n’a pas atteint les objectifs escomptés. « Seulement 364 758 boîtes du stock d’État ont été distribuées. » Conséquence : pas moins de 135 000 boîtes s’apprêtent à être tout simplement jetées, car désormais périmées. Avec à la clé, une perte que « Le Canard » évalue à 135 millions d’euros pour le ministère de la Santé. Un montant qui peut interpeller à l’heure où de nouvelles mesures d’économies sont en discussion dans le cadre du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025.
Un gaspillage qui n’est toutefois pas très étonnant. Pour rappel, Paxlovid a fait l’objet de plusieurs alertes de pharmacovigilance. Dans un courrier envoyé en mars 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) informait les professionnels de santé sur « des signalements de cas graves, fatals pour certains, résultant d'interactions médicamenteuses entre Paxlovid et des immunosuppresseurs (notamment le tacrolimus) ». Le traitement de Pfizer est aussi « contre-indiqué en cas d’utilisation de médicaments dont la clairance est fortement dépendante du CYP3A et pour lesquels des concentrations plasmatiques élevées peuvent entraîner des réactions graves et/ou menaçant le pronostic vital ». L’ANSM rappelait alors, en résumé, que « le bénéfice potentiel du traitement par Paxlovid (devait) être soigneusement évalué par rapport aux risques graves encourus si les interactions médicamenteuses ne sont pas gérées de manière appropriée ». Autant de précautions qui ont considérablement réduit les possibilités de prescription de l’antiviral au plus grand nombre des patients auxquels il était destiné, soit des personnes âgées et/ou immunodéprimées. À noter que Paxlovid a été retiré du stock État en février 2024. Depuis, son prix a été fixé à 999,20 euros TTC par son fabricant alors qu’il était facturé aux patients 3,57 euros TTC avant cette date.
Toujours selon « Le Canard enchaîné », de nombreuses unités d’un autre traitement contre le Covid acheté par la France pourraient, elles aussi, finir à la benne. « 69 000 doses à 1 700 euros pièce de l’anticorps monoclonal bamlanivimab », devraient en effet connaître ce triste sort.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires