Le Congrès des médecins, qui réunit tous les ans 250 délégués issus des Ordres et des syndicats régionaux, est un peu le « Parlement des médecins », et dispose d’importantes compétences sur l’organisation de la profession, la plupart de ses avis et résolutions devant toutefois être avalisée ensuite par les pouvoirs publics pour être appliqués.
Autant rembourser les prescriptions de jus de citron
Réuni début mai à Mayence, il a estimé à une courte majorité que les honoraires des traitements homéopathiques devaient même disparaître de la nomenclature des actes, et que les médicaments homéopathiques, non remboursés mais faisant presque tous partie du monopole pharmaceutique, devraient « être envoyés chez les hard discounters ». Pour le Congrès, comme pour le ministre, il n’est plus possible de rembourser, même de manière optionnelle, une thérapie qui ne répond à aucun critère de la médecine par les preuves, à la base de toute autorisation de remboursement : « sinon, autant rembourser les prescriptions de jus de citron », ont estimé ironiquement les rapporteurs de ce dossier.
Vers une interdiction totale ?
Le vote du Congrès a suscité de vives polémiques au sein du corps médical, en premier lieu auprès des 7 000 médecins homéopathes, qui redoutent que cette décision débouche sur une interdiction totale de l’homéopathie, voire d’autres thérapies complémentaires. Pour les pharmaciens toutefois, l’arrêt de la prise en charge des traitements pourrait faire diminuer le nombre des prescriptions. Toutefois, 98 % des médicaments homéopathiques ne sont déjà plus remboursés, et le nombre de boîtes vendues, passé de 56 millions en 2019 à 41 millions l’an dernier, diminue régulièrement. Elles ont généré en 2022 un chiffre d’affaires avoisinant les 500 millions d’euros. Il n’en reste pas moins que le vote des médecins constitue un nouveau coup contre ce secteur, qui se traduirait aussi par une inégalité croissante face aux soins : s’ils ne sont plus du tout pris en charge, les patients devront les payer intégralement. Les homéopathes rappellent qu’un Allemand sur deux a déjà pris un traitement homéopathique, et que les trois quarts d’entre eux s’en disent satisfaits.
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