Alors que leurs ventes ont explosé durant la période des fêtes de fin d'année, les autotests interrogent toujours quant à leur fiabilité, notamment par rapport au variant Omicron et chez les personnes asymptomatiques.
Entre le 28 décembre et le 2 janvier, près de 500 000 boîtes d'autotests (entre 1,5 et 2 millions d'unités) ont été vendues en GMS, selon les chiffres de l'institut d'analyse de données IRI. Devant la commission des lois de l'Assemblée nationale le 29 décembre, Olivier Véran précisait que 6 millions d'autotests avaient été distribués en officine la semaine de Noël. Alors que les pharmaciens doivent désormais dispenser deux autotests remboursés aux cas contacts présentant un schéma vaccinal complet et aux enfants de moins de 12 ans, une question demeure : les autotests sont-ils assez fiables pour que leur recours soit considéré comme pertinent ?
Si l'on se base sur les chiffres de la Haute Autorité de santé (HAS), un autotest antigénique détecte le virus dans 80 % des cas, s'il est effectué par un professionnel de santé. Pour plusieurs infectiologues et virologues comme le Pr Jean-Paul Stahl, interrogé par « Europe 1 », ou le Pr Sébastien Hantz, cité par « 20 minutes », la manière avec laquelle le prélèvement est réalisé conditionne en grande partie la fiabilité du résultat. « Quelle quantité on prélève, est-ce que l'on est allé assez profond pour enlever comme il faut, au bon endroit. (...) Autant de paramètres que l'on ne maîtrise pas quand il s'agit d'un autotest, puisque c'est l'individu lui-même qui fait son propre prélèvement. Donc c'est extrêmement aléatoire », admet le Pr Stahl. De plus, pour Sébastien Hantz, le fait que l'autotest soit réalisé par le patient lui-même empêche toute étude précise sur leur fiabilité. « Il est quasi-impossible de savoir concrètement le nombre de faux négatifs qu’il laisse passer (...) C'est mieux que rien, mais il faut garder à l’esprit qu’on peut tout à fait être négatif avec lui et positif au coronavirus. On peut donc avoir beaucoup de faux négatifs qui se baladent avec un faux sentiment de sécurité », résume-t-il.
Comme l'a récemment signalé l'agence américaine des médicaments (FDA), les autotests, tout comme les tests antigéniques, s'avèrent, de plus, moins performants pour détecter le variant Omicron. « Des données préliminaires suggèrent que les tests antigéniques détectent bien le variant Omicron, mais avec une sensibilité réduite », expliquait la FDA dans un communiqué, tout en continuant de préconiser leur usage, à condition de suivre à la lettre les indications précises d'utilisation.
En juillet dernier, une étude suisse publiée dans la revue « International journal of infectious diseases » dressait un constat pour le moins sévère sur les autotests Covid. Ces travaux, réalisés antérieurement à l'arrivée d'Omicron, ont été menés sur un échantillon de 1 465 patients. Parmi eux, 141 ont été testés positifs par PCR. Les chercheurs de l'université de Berne ont ensuite voulu revérifier leur contamination en utilisant un autotest développé par Roche. Conclusion, ce dernier n'a permis de détecter que 2 infections sur 3, considérant à tort un tiers des personnes comme étant négatives. La sensibilité du test était encore moindre pour les personnes asymptomatiques (seulement 44 % des asymptomatiques testés positifs par PCR l'ont également été avec l'autotest). De leurs travaux, les chercheurs suisses avaient alors tiré la recommandation suivante : « Il y a donc un risque potentiel que l'usage (d'autotests) alimente la pandémie plutôt qu'elle ne la ralentit (...) Les autotests antigéniques rapides disponibles aujourd'hui ne doivent donc être utilisés qu'avec réserve », estimait alors le responsable de l'étude, le Pr Nagler.
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