Confrontés à de nouvelles baisses tarifaires, notamment pour la prise en charge du diabète et de l'apnée du sommeil, les prestataires de santé à domicile « en ont ras le bol ». La semaine prochaine, les acteurs de ce secteur se mobiliseront un peu partout en France pour alerter les patients et les autorités sanitaires.
Le 6 octobre sera « un jour de colère » pour les prestataires de santé à domicile (PSAD). Pour protester contre les énièmes baisses tarifaires auxquelles ils doivent s'astreindre, les syndicats et associations de PSAD organiseront ce jour-là une grande mobilisation qui se traduira notamment par une manifestation à Paris. Un jour qui n'est pas choisi au hasard : c'est en effet le 6 octobre que le PLFSS sera discuté en conseil des ministres. Le cortège partira de la place Denfert-Rochereau et se dirigera vers le ministère de la Santé, où les PSAD espèrent bien obtenir un rendez-vous avec Olivier Véran. « On nous impose une baisse tarifaire tous les 4 mois en moyenne. Encore récemment, 9 % de baisse sur l'insulinotérapie par pompe, 10 % sur l'apnée du sommeil et le PLFSS prévoit d'imposer 200 millions d'euros d’économies sur notre secteur », liste Charles-Henri des Villettes, président de la Fédération des PSAD, qui redoute « la destruction de 4 000 emplois » dans les mois qui viennent.
Le 6 octobre, les salariés des entreprises de PSAD sont également invités à faire grève et à sensibiliser les patients. « Ce sera une grève "à la japonaise", les patients seront pris en charge mais les équipes sur le terrain seront incitées à évoquer les problèmes de notre secteur et feront signer une pétition, explique Didier Daoulas, président de l'Union des prestataires de santé à domicile indépendants (UPSADI). Au début, il s'agira donc d'une grève "soft" mais cette dernière est reconductible. Nous attendons un signe du gouvernement. Si les négociations ne reprennent pas, la grève pourra devenir plus dure », menace Didier Daoulas. Le président de l'UPSADI va jusqu'à évoquer, en dernier recours, la possibilité de « ne plus prendre en charge les patients à la sortie de l'hôpital ».
Au cours des dix dernières années, 700 millions d'euros d'économies ont été imposés aux PSAD par le Comité économique des produits de santé (CEPS). En plus des conséquences sur l'emploi, de nouvelles mesures d'économies font redouter aux PSAD « une baisse dans la qualité de la prise en charge des patients », ajoute Charles-Henri des Villettes, qui n'a pas non plus digéré le dossier Diabeloop. « On impose des baisses tarifaires sur une innovation qui vient juste d'être introduite. Le CEPS nous a quasiment exclus de ce dispositif au profit des pharmaciens, alors que je pense sincèrement que les officines auront du mal à le faire et qu'elles ne s'y mettront peut-être même pas », estime le président de la Fédération des PSAD.
Les différentes organisations du secteur expriment leur colère depuis déjà de longs mois, mais maintenant « ça suffit ! », clament-elles à l'unisson. « On attend des mesures immédiates, la réouverture des négociations sur les baisses tarifaires, le gel des mesures d'économies inscrites au PLFSS et, plus globalement, un "Ségur de la santé à domicile" pour que l'on réfléchisse enfin à des mesures plus durables et structurelles. Enfin, nous souhaitons que les PSAD soient inscrits comme des acteurs de santé à part entière car aujourd'hui nous n'avons pas la place que nous devrions avoir », conclut Charles-Henri des Villettes.
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