À BRIDES LES BAINS, en Savoie, on lutte contre l’embonpoint depuis un siècle et demi. Mais, depuis, bien d’autres établissements en France se sont, eux aussi, attaqués à ce problème qui concerne un nombre croissant de patients. Les thalassothérapies, notamment, peuvent faire de l’ombre à la tradition séculaire du village savoyard qui est le seul, pourtant, à avoir des eaux reconnues d’utilité publique pour ce problème spécifique qu’est l’embonpoint. Du coup, la municipalité a décidé que cette question serait celle de l’ensemble du village et, depuis 2001, elle coordonne l’action de toutes les professions susceptibles d’intervenir à un titre ou à un autre, aux côtés de l’établissement thermal spécialisé dans l’amaigrissement : praticiens de santé, spécialistes de la forme ou de l’esthétique, restaurateurs, hôteliers, psychologues et bien d’autres… Elle a même mis en place une charte de qualité en 2009 signée par la majeure partie des commerçants. « L’idée est de disposer d’un langage commun à tenir à l’ensemble des curistes », explique Sébastien Cottarel, chargé de mission à la municipalité. Cette démarche a conduit à des actions de façon à renforcer les prestations des uns grâce à l’expertise des autres, comme, par exemple, les stages de diététique suivis par les chefs de cuisine, ou ceux de relookage qui ont concerné les coiffeurs. Tout est intégré, de la problématique de santé stricto sensu jusqu’à l’accueil des curistes, en passant par la psychologie, la remise en forme, etc.
Une gamme étendue de produits.
Dans ce contexte, la pharmacie des thermes, la seule du village, s’est elle aussi spécialisée dans la lutte contre l’embonpoint. « Les curistes constituent la majeure partie de notre clientèle », justifie ainsi Brigitte Besson, titulaire associée. « Nous sommes impliqués de la même façon que peut l’être n’importe quelle profession susceptible de les aider dans leur cure. » La gamme de produits que propose la pharmacie est vaste, des médicaments, comme certains laxatifs ou diurétiques, jusqu’aux compléments alimentaires, tisanes et autres crèmes… Mais surtout, elle conseille et vend des produits pour pallier les conséquences négatives de l’embonpoint. « Beaucoup de curistes sont mal dans leur peau et sont parfois un peu dépressifs, explique Brigitte Besson, nous leur proposons des médications douces pour lutter contre le stress. »
Les conséquences ne sont pas seulement psychologiques, mais aussi physiques. La pharmacie des thermes dispose ainsi d’une offre étendue de produits de contention pour les jambes, qui souffrent beaucoup, ainsi que des chaussures orthopédiques. « Ce sont des rayons plus développés que dans une pharmacie classique », affirme Brigitte Besson. Et, bien sûr, des outils de pesée pour que les curistes puissent suivre l’évolution de leurs poids.
Un passeport santé.
La pharmacie n’a pas pour autant signé la charte de qualité rédigée par la municipalité. Plus une question de circonstance qu’une opposition de principe, assure en substance Brigitte Besson. Cette charte, pour être efficace, doit être suivie d’effet, et elle l’est, selon Sébastien Cottarel : « les enquêtes menées par l’office du tourisme auprès des curistes montrent un très bon retour. » Mais la municipalité réfléchit néanmoins à des moyens de contrôle, au-delà de l’engagement moral que cette charte implique. Celle-ci a été accompagnée l’année dernière par la création du « passeport santé », remis au curiste par le médecin thermal. « Ce document présente Brides les Bains, l’accompagnement médical, et propose des plans alimentaires, des tableaux de correspondance… » détaille Sébastien Cottarel.
Les efforts entrepris collectivement pour aider les curistes à maigrir n’empêchent pas parfois des tiraillements. Ainsi l’établissement thermal du village, qui vante volontiers les efforts de l’ensemble des professionnels, se tient à l’écart de la pharmacie. « Les pharmacies sont des commerçants, spécialistes des crèmes de toutes sortes et des compléments alimentaires variés. Ils vendent généralement des médicaments, alors que le thermalisme s’appuie sur une médecine dite douce », justifie un porte-parole. Une position qui laisse Brigitte Besson dubitative. Et qui est le contraire de la collaboration que veut promouvoir l’établissement.
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