Avec un ratio de 68 médecins pour 100 000 habitants, la Nièvre est considérée comme l’un des pires déserts médicaux de France. Pour dénoncer ces difficultés d’accès aux soins, une vingtaine de maires de ce département ont symboliquement pris des arrêtés interdisant à leurs administrés de tomber malade.
Si la problématique des déserts médicaux est loin d’être nouvelle, les élus de nombreux départements ne savent plus comment faire pour être entendus. Dans la Nièvre, des maires désespérés par le manque de médecins et les fermetures de services d’urgences ont décidé de miser sur l’ironie. Désormais, la commune de Decize, 5 600 habitants, « interdit formellement à tout habitant de tomber malade, sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale en raison de la fermeture répétée des services d'urgences ». L’initiative pourrait prêter à sourire si le sujet n’était pas aussi grave. Dans la Nièvre, 20 % des habitants n’ont pas de médecin traitant, on compte seulement 68 médecins pour 100 000 habitants (contre une moyenne de 121 médecins pour 100 000 habitants au niveau national), on y recense qu’un seul rhumatologue, qu’un seul allergologue et même aucun dermatologue ! Dans ce département de la région Bourgogne-Franche-Comté, le maillage pharmaceutique souffre également. Selon « Le Journal du Centre », la Nièvre a ainsi perdu 16 pharmacies entre 2010 et 2022, soit une baisse de 17 %, un taux plus important que la moyenne nationale sur la même période. La situation des services d’urgence est tout aussi critique. À Decize, les urgences de l'hôpital ont par exemple « été placées en mode dégradé, voire complètement fermées, à 24 reprises depuis mars », explique la maire (PS) de la commune, Justine Guyot.
Avec ces arrêtés volontairement provocateurs, ces maires de la Nièvre veulent « interpeller » les autorités compétentes sur la situation de leur territoire. Des fermetures ponctuelles ont aussi touché le service d’urgences de l’hôpital de la préfecture du département, Nevers. À certaines périodes, il n’y avait donc aucun service d’urgences ouvert dans toute la Nièvre, département qui compte tout de même 200 000 habitants. « La Nièvre, c'est une catastrophe », résume Christian Perceau, maire de Montigny-aux-Amognes, un village de moins de 600 habitants. « On a des énormes soucis avec les urgences à Nevers. C'est géré par le 15 à Dijon (à environ 2 h 30 de route), mais il y a des erreurs… », se désole l’édile. Dans la Nièvre, l’accès aux soins est si catastrophique qu'un « pont aérien » a été mis en place en janvier 2023 afin d'amener à l’hôpital de Nevers huit médecins venus de Dijon au moins une fois par semaine… En mars, un collectif d'urgentistes avait déjà averti que la sécurité des patients n'était « plus assurée » dans cet hôpital, les urgences tournant avec six praticiens, alors que 27 seraient nécessaires.
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