83 % des Français résident dans un désert médical pour au moins une profession parmi les généralistes, pédiatres, gynécologues et ophtalmologues, selon UFC-Que choisir. Face à ces chiffres, l'association de consommateurs attaque le gouvernement pour « inaction » en saisissant le Conseil d’État.
« Après des années de négociations auprès des décideurs politiques qui restent à ce jour sans réponse, l’UFC-Que choisir a décidé de passer à l’action en attaquant le gouvernement pour inaction en saisissant le Conseil d’État », a annoncé l'association de consommateurs, qui dévoilait les résultats d'une étude mesurant l'accessibilité des Français aux professionnels de santé. Ces résultats sont consultables entre autres via une carte interactive gratuite.
Selon l'enquête, 25,3 millions de Français vivent dans un territoire où l’offre de soins libérale est insuffisante. 19,3 % des résidents dans un désert médical ophtalmologique, 24,8 % des femmes dans un désert médical gynécologique, et 28,9 % des enfants dans un désert médical pédiatrique. Si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes (2,6 % de la population, soit tout de même 1,7 million de personnes), 23,7 % des Français éprouvent néanmoins des difficultés pour accéder à un médecin généraliste à moins de 30 minutes de route de chez eux.
Mais en ne prenant en compte que l’accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, 50,3 % des enfants habitent dans un désert médical pour les pédiatres, 59,3 % des habitants résident dans un désert médical pour les ophtalmologues et 69,6 % des femmes vivent dans un désert médical pour les gynécologues. Entre 2021 et 2023, 44,4 % de la population « a vu l'accessibilité aux généralistes se dégrader », dénonce l'UFC-Que choisir, qui affirme qu'au total 83 % de la population vit dans un désert médical pour au moins l’une des spécialités.
En outre, des bénévoles ont contacté anonymement 2 642 médecins généralistes pour leur demander s'ils accepteraient de les suivre en tant de médecin traitant. La majorité (51,5 %) a refusé, contre 44 % lors d'une précédente enquête en 2019. La plupart suivaient déjà trop de patients (74 %), ou devaient bientôt partir à la retraite (12 %).
Ces résultats ont été obtenus en mesurant le nombre de professionnels de santé (médecins, pédiatres, gynécologues et ophtalmologues) accessibles par patient potentiel et par commune, au sein d’une zone autour de la commune (30 minutes de trajet en voiture pour les généralistes, 45 minutes pour les spécialistes).
L'UFC-Que choisir dénonce « le refus obstiné des autorités de réguler l’installation des médecins » (une mesure pour laquelle l'association milite depuis des années), et invite les Français à signer et « partager massivement » une pétition intitulée « J'accuse l'État ». Si elle espère que ce recours devant le Conseil d'État permettra de sanctionner l'inaction du gouvernement et de l'encourager à prendre les mesures qu'elle juge nécessaire, l'association a aussi annoncé le lancement d'une campagne de terrain pour sensibiliser la population contre les déserts médicaux auxquels elle est confrontée, avec des actions autour des caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM) et des agences régionales de santé (ARS) pour symboliser les inégalités d’accès aux soins et dénoncer l’inaction du gouvernement.
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