Pour recueillir l'avis des Français sur la numérisation de la santé, la Délégation au numérique en santé (DNS) a fait appel à Harris Interactive France, qui a présenté la semaine dernière les conclusions de son enquête1. Le directeur délégué de l’institut de sondage, Jean-Daniel Levy, est catégorique : « On s’attend à ce que la société française soit conservatrice, mais la réalité, c’est qu’elle est bien plus encline à accepter et à adopter les nouveaux comportements qu’on ne le croit ».
En effet, une tendance claire émerge : 90 % des Français ont déjà utilisé au moins un outil ou service numérique lié à la santé, comme la prise de rendez-vous en ligne, la récupération de résultats d'analyse ou encore le recours à la téléconsultation. Ce chiffre représente une augmentation de 7 à 8 % par rapport à 2020 pour chaque type d'outil ou service, démontrant un intérêt croissant pour ces technologies.
Des Français volontaires mais prudents
Toujours selon les résultats de l’enquête, 74 % des personnes interrogées estiment que le numérique peut améliorer la coordination de leurs soins médicaux, tandis que 72 % anticipent une simplification des démarches administratives liées à la santé grâce à ces avancées technologiques. Mais ils sont 86 % à penser que leurs données de santé personnelles sont des informations sensibles et 78 % à en redouter un potentiel usage commercial. Malgré ces interrogations, la preuve de l'engagement des Français envers ces technologies est manifeste : 15 % de la population, soit 10,8 millions de personnes, ont activé leur compte sur Mon espace santé, et 350 000 Français l'utilisent chaque semaine. Ce nombre devrait continuer à croître, avec environ 300 000 nouveaux comptes ouverts chaque mois selon la DNS. Et avec 20 millions de documents envoyés aux patients tous les mois, Mon espace santé fait donc mieux que son prédécesseur, le Dossier médical partagé (DMP), qui avait reçu 11 millions de documents… en 15 ans.
15 % de la population, soit 10,8 millions de personnes, ont activé leur compte sur Mon espace santé, et 350 000 Français l'utilisent chaque semaine
« En réponse aux préoccupations concernant la sécurité des données de santé, nous sommes dans l’obligation d’améliorer le niveau de sécurité globale : avec cet objectif, nous avons lancé l'année dernière le programme CaRE, avec 750 millions d’euros investis d’ici 2027, pour renforcer la cyber sécurité des établissements de santé et des structures médico-sociales », affirme Hela Ghariani, coresponsable de la DNS.
2024, année de la finalisation
Du côté des logiciels métiers des pharmaciens, qui ont envoyé 2,9 millions de documents (exclusivement des notes de vaccination) sur Mon espace santé entre octobre et décembre 2023, 2024 est l’année où les derniers détails doivent être peaufinés. Au programme ? Équiper l’ensemble des officines de boîtes aux lettres organisationnelles et sécurisées ouvertes à l’ensemble de la pharmacie (dont les préparateurs et adjoints), finaliser l’intégration des préparateurs au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) et accompagner les équipes officinales dans l’appropriation des usages ainsi que la sensibilisation des patients. Pour ces derniers, l’amélioration de l’annuaire santé afin qu’il soit lié au nom de la pharmacie au lieu de celui du titulaire est aussi en cours de finalisation.
D’autres questions restent en suspens, comme le risque de déshumanisation des soins et surtout, l’égalité d’accès à tous ces services. Car comment éviter une mise à l’écart des populations moins à l’aise avec le numérique ? Tel est l’un des nombreux défis qui se posent à la DNS…
1Menée en ligne du 22 au 27 novembre 2023 auprès de 2032 personnes représentatives des Français âgés de 18 ans et plus.
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