Après une interminable attente (16 jours depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon), la composition du nouveau gouvernement est connue. Geneviève Darrieussecq, députée MoDem des Landes devient ministre de la Santé et de l’Accès aux soins. Alors que de nombreux dossiers relatifs à la santé sont en suspens depuis la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron au lendemain des élections européennes, la nouvelle locataire de l’Avenue de Ségur aura du pain sur la planche.
Exit Catherine Vautrin, qui avait été nommée à la tête d’un super ministère réunissant le Travail, la Santé et les Solidarités, (nommée aux Territoires) et son ministre délégué Frédéric Valletoux. Après des tractations aussi longues que pénibles, Michel Barnier, Premier ministre, a présenté au président de la République la composition de son gouvernement, que ce dernier a fini par accepter après quelques retouches. Le pensionnaire de Matignon a choisi de nommer Geneviève Darrieussecq à la Santé et l’Accès aux soins. La Santé retrouve ainsi un ministère de plein exercice. Médecin allergologue de profession, députée des Landes, ancienne maire de Mont-de-Marsan et membre du MoDem, elle a précédemment fait partie du gouvernement d’Édouard Philippe en tant que secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées en 2017, avant d’occuper le poste de ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants sous Jean Castex. Entre juillet 2022 et juillet 2023, elle a ensuite assumé le poste de ministre déléguée chargée des personnes handicapées. Elle avait accordé, en octobre 2022, une interview au « Quotidien du pharmacien » sur le sujet de la place des personnes en situation de handicap au sein des milieux professionnels et notamment dans les pharmacies d’officine.
Parmi les dossiers que Geneviève Darrieussecq devra rapidement remettre en marche, le projet de loi sur la fin de vie et le droit à bénéficier d’une aide active à mourir dans des conditions strictes, sujet dont les débats à l’Assemblée avaient été brutalement stoppés. La question de la place du pharmacien, notamment pour la délivrance de la substance létale, devra être clairement définie. Tout aussi urgente, l’élaboration du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 dans un contexte de vive contestation contre les nouvelles baisses tarifaires envisagées dans le rapport Charges et produits, dont les contours avaient été dévoilés en juillet. Dans le cadre du PLFFS, une mesure négociée par les syndicats d’officinaux, en marge des récentes négociations avec l’assurance-maladie portant sur l’avenant économique à la convention pharmaceutique, devra également se concrétiser : les remises sur les biosimilaires. Concernant ces derniers, l’extension de la possibilité de substitution par le pharmacien doit également se poursuivre, lorsque les textes le permettant pourront paraître. Autre sujet explosif, la réforme de l’ALD, récemment appuyée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), dossier observé avec grande attention par les associations de patients.
Les officinaux sont également dans l’attente de la parution de textes permettant d’inscrire dans la loi la vaccination anti-Covid (toujours permise aujourd’hui dans un cadre dérogatoire). En parallèle, la publication d’autres textes législatifs officialisant par la loi l’autorisation pour les préparateurs d’administrer l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal pourrait également suivre. Également en suspens, la publication des textes concernant la mise à disposition de médicaments à base de cannabis dans le cadre du traitement de certaines pathologies pourrait être accélérée par l’arrivée du nouveau ministre. Pour rappel, l’inscription de ces spécialités dans le droit commun est attendue pour le 1er janvier 2025.
Autre mesure qui attend d’être entérinée : l’extension du renouvellement exceptionnel à 3 mois pour des ordonnances expirées pour des traitements chroniques. Sujet souvent évoqué et repoussé, le lancement d’une expérimentation visant à permettre aux pharmaciens de délivrer des substituts nicotiniques sans ordonnance doit également être mis en œuvre. Quid enfin, de la vente en ligne ? Les préconisations du rapport Ferracci (qui n’a jamais été publié) ont été mises sous cloche à cause des derniers événements politiques. Même si la profession tente de prendre les devants, notamment à travers le projet Ma pharmacie en France, la volonté de l’exécutif de libéraliser la vente en ligne de médicaments pourrait rapidement ressurgir. Attendue depuis des lustres, la réforme du 3e cycle des études de pharmacies sera peut-être enfin mise en route en vue d’une application pour la rentrée 2025. Ce dernier dossier incombera également au nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Hetzel.
Tous ces sujets urgents ne doivent pas enfin faire oublier les éternels dossiers qui attendent toujours des solutions (enfin) efficaces. Il s’agit notamment de trouver des leviers pour diminuer le nombre de pénuries de médicaments, qui ont atteint des niveaux records en 2023. Le combat contre les déserts médicaux, le soutien aux pharmacies de proximité et plus globalement l’amélioration de l’accès aux soins seront d’autres problématiques sur lesquelles Geneviève Darrieussecq devra rapidement obtenir des résultats.
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