Selon les dernières données communiquées par IQVIA sur la campagne de vaccination antigrippale, le nombre de doses délivrées par les pharmaciens est en baisse de 6 % par rapport à l'année dernière. Des chiffres qualifiés de « médiocres » par le ministre de la Santé, qui appelle à « un sursaut » pour rattraper ce retard.
Alors que l'hiver débute tout juste, trois régions de l'Hexagone (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur) sont entrées en phase pré-épidémique pour la grippe saisonnière. Une information qui a mis en alerte le ministre de la Santé, et ce alors que la campagne de vaccination antigrippale peine à décoller. Comme le résume l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), « les dernières données d’IQVIA montrent un retard de près de 500 000 patients par rapport à 2022 », même si les injections réalisées en pharmacie ont augmenté de près de 9 % dans le même temps.
Sur X, (anciennement Twitter), Aurélien Rousseau s'est ému des chiffres décevants. « Il nous faut un sursaut. Sinon, ce sont l'hôpital et les plus fragiles qui vont payer cela au prix fort », alerte le ministre. Une préoccupation partagée par le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « 500 000 personnes vaccinées en moins par rapport à l'année dernière, cela conduit inévitablement à un millier d'hospitalisations supplémentaires et entre 300 et 400 décès évitables en plus si l'épidémie est au même niveau que l'an dernier », souligne Philippe Besset, citant les estimations faites par plusieurs épidémiologistes. Le président de la FSPF estime que l'on pourrait se retrouver avec un million de personnes vaccinées de moins qu'en 2022 si la dynamique actuelle n'est pas inversée.
À quoi peut-on attribuer ce faible engouement pour le vaccin antigrippal et ce recul par rapport à l'an dernier, qui n'était déjà pas un grand cru en la matière (51,5 % de la population cible avait été vaccinée lors de la saison 2022-2023) ? Pour Philippe Besset, il existe peut-être une « lassitude vaccinale » et une concurrence avec la campagne de vaccination automnale contre le Covid dont les chiffres, a contrario, sont plutôt bons (3,2 millions de personnes de plus de 65 ans vaccinés depuis le 2 octobre contre 2 millions l'an dernier). Son homologue de l'USPO, Pierre-Olivier Variot, pointe également un autre problème : « Cette année les publics cibles ont reçu très tôt leur bon pour la vaccination, environ un mois et demi avant le début de la campagne. Ils sont venus nous voir, on les a renvoyés chez eux, puis ils ont oublié », a-t-il expliqué au journal « L'Express ». En sus, Philippe Besset regrette une communication trop timide des pouvoirs publics.
Pour redresser la courbe, les présidents de deux syndicats appellent les officinaux à se montrer proactifs et à rappeler à leurs patients non-vaccinés l'importance de cet acte. « Nos logiciels nous indiquent les patients qui n'ont pas encore eu le vaccin. Proposez-le, il faut aller vers les patients, exhorte Philippe Besset, et leur dire que l'on ne peut pas savoir à l'avance qui est à risque de forme grave. » Consciente que la situation doit être améliorée le plus rapidement possible, l'assurance-maladie a promis « d’inciter dès cette semaine ceux qui ne seraient pas encore vaccinés à sauter le pas ».
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