La dernière réunion multilatérale avec l’assurance-maladie dans le cadre des négociations conventionnelles portant sur le volet économique n’a absolument pas satisfait les syndicats représentatifs de la profession. Les propositions économiques formulées par la CNAM sont très loin des attentes et un mouvement de mobilisation d’ampleur nationale, avec en point d’orgue une grève et des manifestations le 30 mai, semble aujourd’hui inévitable.
C’était un jour décisif dans cette (très) longue séquence de négociations entre les pharmaciens et l’assurance-maladie. La dernière réunion multilatérale, organisée le 14 mai, devait permettre à la CNAM de dévoiler des propositions économiques concrètes. Mais le compte n’y est pas, très loin de là… Pour le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, la déception est aujourd’hui très grande. « Nous attendions un milliard d’euros pour le réseau en 2025. La CNAM nous propose une revalorisation d’environ 179 millions d’euros… d’ici à 2027. C’est très décevant et cela ne tient absolument pas compte de l’investissement des pharmaciens. Les pouvoirs publics continuent de nier la réalité de l’économie officinale aujourd’hui. La mobilisation est plus que jamais d’actualité. Si on ne la fait pas, le réseau va souffrir », prévient-il. De son côté, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset résume ainsi les échanges de la matinée : « Les éléments de la proposition de la CNAM sont ceux que nous demandons mais les niveaux sont trop faibles et ne rentrent pas dans le cadre de mon mandat de négociation. » La FSPF décidera mercredi 15 mai, à l’issue du vote de son conseil d’administration, de lancer ou non un appel national à la mobilisation, lequel prévoit une grande journée de grève et de manifestation partout en France le 30 mai. Un appel national qu’a déjà lancé l’USPO.
Qu’a précisément annoncé l’assurance-maladie aux représentants des pharmaciens ? « La proposition qui nous a été faite ce mardi, et qui n’est pas définitive, c’est une revalorisation de 5 centimes de l’honoraire à l’ordonnance dès 2025, soit 30 millions d’euros pour le réseau, explique tout d’abord Pierre-Olivier Variot. Ensuite, la CNAM nous propose 6 centimes de plus sur l’honoraire à l’ordonnance, plus 9 centimes supplémentaires sur l’honoraire lié à l’âge, à l’horizon 2027. Cela représente donc 120 millions d’euros en tout, dont la majorité n’arriverait que dans 2 ou 3 ans. » Le milliard d’euros attendu dès 2024 est donc très loin et les désillusions ne s’arrêtent pas là. « L’assurance-maladie nous a par ailleurs expliqué que les économies générées par les biosimilaires allaient être fléchées vers d’autres professions de santé, ajoute-t-il non sans amertume. Sur les biosimilaires, nous voulions un accord gagnant-gagnant entre les pharmaciens et l’assurance-maladie mais si cette dernière réalise des économies sur les biosimilaires, elle ne compte pas rétribuer les pharmaciens. »
Sur la rémunération des TROD angine et cystite, la CNAM a proposé 10 euros si l’ordonnance vient du médecin et 10 euros également si c’est le pharmacien qui est à l’origine de la prescription du TROD et que ce dernier s’avère négatif. Le pharmacien recevrait en revanche 15 euros s’il est prescripteur et que le résultat du TROD est positif. Un tarif plus élevé dans ce dernier cas car le pharmacien engage sa responsabilité de prescripteur.
Enfin, pour la vaccination, tout acte serait valorisé à hauteur de 9,60 euros potentiellement complété par une ROSP de 3 euros. Attention : cette dernière ne serait versée que si le pharmacien atteint un certain taux de prescription de vaccins. Ainsi, la CNAM propose un déclenchement de cette ROSP lorsque ce taux de prescription de vaccins par le pharmacien représente plus de 5 % des vaccinations totales réalisées à l’officine pour 2024, puis 15 % en 2025 et 25 % en 2026. Bien loin, encore une fois, des demandes initiales des syndicats.
Les points de désaccord ne manquent pas entre les deux parties engagées dans ces négociations. Pour les officinaux, ces propositions économiques décevantes, surtout lorsqu’elles sont mises en parallèle avec les revalorisations récemment évoquées pour les médecins (1,6 milliard d’euros), viennent s’ajouter à d’autres problèmes. La menace que laisse planer le futur projet de loi Ferracci, qui entend notamment libéraliser la vente en ligne de médicaments, les fermetures d’officines ou encore les pénuries de médicaments. « La charte signée en début d’année n’est absolument pas respectée par les industriels », rappelle à ce sujet Pierre-Olivier Variot. Vu tous ces éléments et les positions de la CNAM, ce dernier en tire ce constat cinglant : « Le gouvernement actuel ne souhaite pas le maintien du réseau pharmaceutique tel qu’il est aujourd’hui. »
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