Après l’instauration de la PACES à la rentrée universitaire 2010, la réforme des études de pharmacie poursuit son cours, et c’est aujourd’hui la réforme du 3e cycle qui est au cœur du sujet. En octobre 2016, Dominique Porquet, ancien président de la Conférence des doyens, a été missionné par Marisol Touraine (ministre de la Santé) et Thierry Mandon (Secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche) pour mener ce travail.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et certains doyens de faculté souhaitent que cette réforme débouche sur un allongement des études de pharmacie jusqu’à 8 ans, pour s’adapter au système européen en 3 cycles : Licence (3 ans) Master (2 ans) puis Doctorat (en général 3 ans). Rappelons qu’aujourd’hui, les études de pharmacie sont déjà calquées sur ce système LMD. Mais, selon la filière choisie, le 3e cycle (doctorat) peut être court (1 année pour les filières officine et industrie) ou long (4 années pour la filière internat). L’internat conduit à l’obtention d’un Diplôme d’études spécialisées (DES), selon un modèle comparable à celui de médecine et d’odontologie. Mais pas la pharmacie d’officine ou d'industrie, qui ne conduisent qu’à un « diplôme d’état de docteur en pharmacie », une fois la thèse passée.
Cette volonté de rallonger les études de pharmacie d’officine et d’industrie, vise aussi à renforcer le versant « profession de santé » de la pharmacie d’officine, et à la distinguer des métiers paramédicaux, dont la formation a tendance à s’allonger, par le biais de masters, avec à la clé l’obtention de diplômes de niveau BAC + 5. Soit à un pas de la pharmacie d’officine à BAC + 6. « Nous voulons rester dans le trio professionnel de santé comprenant le médecin, le chirurgien-dentiste et le pharmacien », explique Philippe Gaertner, président de la FSPF. En pratique, les deux années supplémentaires pourraient intégrer les DU de cancérologie, de MAD et d’orthopédie, ainsi que des modules sur l’éducation thérapeutique, l’inter professionnalité, la gestion et le management de l’officine, etc.
Réfléchir plus au contenu qu'à la durée des études
Mais l’idée est loin de faire l’unanimité dans la profession. Selon un sondage réalisé en ligne sur le site du « Quotidien du Pharmacien », 59 % des internautes s’y opposent. L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) estime, quant à elle, que les six ans sont largement suffisants à condition de les réadapter aux missions du pharmacien. Et, s’il faut s’adapter à la LMD, ce sera avec la pharmacie clinique. De son côté, l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) estime qu'il faut plus revoir le contenu des études que leur durée. Toutefois, « l'ANEPF travaille sur différentes maquettes de réforme des études en 6 ou 7 ans, voire en 8 ans, révèle Antony Mascle, président de l'ANEPF. Ces maquettes seront soumises aux étudiants lors d'une grande consultation ». Enfin, selon l'ANEPF cette réforme du 3e cycle intervient trop tôt par rapport à la réforme de la PACES, qui doit d'abord être évaluée. Un avis que partage Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. « Si la question de la réforme des études peut se poser, avant d’y répondre, la réflexion doit commencer par l’évaluation des cursus, issus de la dernière réforme et qui se sont terminés en juin 2016. Elle doit ensuite se poursuivre par l’impact des éventuelles modifications envisagées. Car confondre vitesse et précipitation, on prend le risque d’échouer ou pire encore, de régresser. Mais ce temps de réflexion ne doit évidemment pas freiner le DES de pharmacie hospitalière dont la maquette est prête. »
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