L'instauration de la dispensation des médicaments à l'unité devait théoriquement entrer en vigueur le 1er janvier 2022. Cette mesure censée limiter le gaspillage pourrait toutefois se heurter à une autre obligation récemment imposée aux pharmaciens : la sérialisation.
C'est en effet ce qu'a rappelé Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), au lendemain d'un entretien avec le ministre de la Santé. Une discussion qui a permis d'aborder l'ensemble des revendications actuelles de la profession, mais aussi tous les sujets d'actualité qui animent, ou animeront dans les prochains mois, le monde de l'officine. Parmi eux, la sérialisation, qui pourrait avoir une conséquence importante sur un autre dossier qui irrite lui aussi nombre d'officinaux : la dispensation à l'unité des médicaments. « Elle ne se mettra pas en place telle qu'elle était prévue par la loi, car elle se heurte à la sérialisation. Olivier Véran l'a confirmé », explique le président de l'USPO. « Je ne sais pas comment on peut gérer l'antibiothérapie avec la dispensation à l'unité. Ce qui serait réellement intelligent, c'est d'adapter le traitement selon le conditionnement. La sérialisation peut-elle complètement remettre en cause la mise en œuvre de la dispensation à l'unité ? Oui, c'est possible », estime Pierre-Olivier Variot.
Comme le rappelait une représentante du LEEM, syndicat des laboratoires pharmaceutiques, dans un article publié par « Emballages magazine », la dispensation à l'unité pourrait en effet contraindre à découper les blisters actuels, ce qui « ferait perdre la traçabilité du médicament, mais aussi les mentions obligatoires qu’un médicament doit afficher ». Contradictoire donc avec l'objectif même de la sérialisation qui consiste à tracer à l’unité les boîtes de médicaments grâce à un code unique.
Si la dispensation à l'unité n'a jamais recueilli les faveurs des syndicats, la sérialisation, elle, se met également en place dans la douleur en France. Selon Pierre-Olivier Variot, les pharmaciens n'ont toutefois plus le choix aujourd'hui. « C'est la loi, il faut y aller. N'oublions pas que si la France ne le fait pas, elle s'expose à une amende comprise entre 400 et 800 millions d'euros. Comme on peut le lire dans le PLFSS, le pharmacien, lui, est passible d'une amende de 350 à 10 000 euros à partir de janvier s'il ne se met pas en conformité. Dans mon officine, je fais la sérialisation au moment de la réception de commande et cela se passe bien », veut-il rassurer.
Un point l'agace toutefois aujourd'hui. « Il est regrettable que des LGO demandent beaucoup d'argent pour les logiciels dédiés à la sérialisation, alors que c'est une chose à laquelle nous sommes obligés. » Selon le président de l'USPO, ce n’est effet ni aux pharmaciens ni à France MVO de payer, c'est bien aux LGO qu'incombe la responsabilité de couvrir les frais. « Lorsqu'on a évoqué le fait que c'était à eux de le faire, ils ont dit non, au motif que la sérialisation était une directive européenne. Or la sérialisation a été transposée dans la loi française, donc ils se trompent, ils n'ont pas à faire payer les pharmaciens », estime-t-il.
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