Le conflit qui oppose les pouvoirs publics aux syndicats de biologistes libéraux est encore loin de sortir de l'impasse. Plus que jamais opposés aux baisses tarifaires prévues dans le PLFSS, ces derniers appellent à la « grève reconductible » à partir du 14 novembre.
Pour protester contre les baisses tarifaires qui doivent s'appliquer à leur secteur (250 millions d'euros dès 2023), les syndicats de biologistes libéraux avaient décidé, le 27 octobre, « de suspendre la transmission des données de dépistage sur la plateforme SI-DEP ». Une initiative vivement critiquée par l'assurance-maladie et le ministère de la Santé, lesquels avaient accusé les biologistes de « prendre en otage le suivi de l'épidémie de Covid-19 », selon les mots du directeur général de la CNAM, Thomas Fatôme.
Dans la journée du 7 novembre, les deux parties ont tenté de trouver un terrain d'entente sur cette question des baisses tarifaires. Une réunion dont la tournure n'a pas vraiment satisfait les représentants des biologistes, c'est un euphémisme. « Nous nous sommes heurtés à un mur », ont résumé les quatre syndicats conviés. Venus négocier une ponction limitée à 250 millions d'euros, comme prévu dans le budget de la Sécu, mais « sur la seule année 2023 », les syndicats de biologistes se sont vus proposer une offre… encore pire que la précédente. Selon eux, la CNAM a mis sur la table « une nouvelle proposition de rabot plus salée encore que celle envisagée initialement », soit 280 millions l'an prochain, puis 322 millions par an jusqu'en 2026.
Dénonçant « la folie austéritaire » de l'assurance-maladie, les syndicats de biologistes appellent désormais à « l'entrée en grève reconductible de tous les laboratoires de biologie médicale à compter du lundi 14 novembre ». Ils espèrent être suivis par les grands réseaux privés, membres comme eux de l'Alliance de la biologie médicale (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab). S'ils s'opposent avec tant de vigueur à ces mesures tarifaires, c'est parce qu'ils estiment que cette politique pourrait provoquer « la fermeture de laboratoires de proximité, particulièrement dans les zones rurales et les déserts médicaux ». En face, l'exécutif se montre pour l'instant sourd à leurs revendications. Dimanche dernier, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a encore déclaré qu'il n'y aurait « pas de retour en arrière » sur les économies inscrites dans le budget de la Sécu.
De son côté, l'assurance-maladie considère toujours que les propositions faites aux biologistes « sont pleinement soutenables pour le secteur de la biologie compte tenu du niveau de rentabilité constaté en 2019 et des effets de la crise sanitaire qui a encore fortement soutenu l’augmentation de cette rentabilité ». La CNAM « déplore la réaction de la profession suite à cette nouvelle ouverture et continue pour sa part à privilégier le dialogue avec les représentants de ce secteur ».
Les biologistes ont reçu, depuis, le soutien des Libéraux de santé, organisation qui réunit onze syndicats représentatifs des professionnels de santé (dont le Syndicat des biologistes). Ces derniers appellent le gouvernement « à revenir à la raison » et déclarent soutenir le mouvement de grève lancé par les biologistes. « Derrière les biologistes médicaux, ce sont tous les libéraux de santé qui sont menacés et l’avenir du système conventionnel qui se joue », alerte l'intersyndicale.
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