En avril 2019, les prestataires de santé à domicile avaient prévu de manifester dans les rues de Paris pour dénoncer les mesures d'économies incessantes infligées à leur secteur par le Comité économique des produits de santé (CEPS). Une journée de mobilisation annulée au dernier moment à cause de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Deux ans et demi plus tard, rien n'a changé pour les PSAD.
Le 6 octobre, le jour même où le PLFSS sera discuté en Conseil des ministres, ils défileront de la place Denfert-Rochereau jusqu'au ministère de la Santé avec l'espoir de décrocher une entrevue avec Olivier Véran. Un « jour de colère », tel qu'ils l'ont baptisé, qui ne sera pas visible que dans la capitale. « Les salariés des PSAD sont invités à aller à la rencontre des élus locaux et à faire grève le 6 octobre, annonce Didier Daoulas, président de l'Union des prestataires de santé à domicile indépendants (UPSADI). Dans un premier temps, ce sera une grève "soft", les patients seront pris en charge, mais les équipes sur le terrain leur parleront des problèmes de notre secteur et leur feront signer une pétition. Cette grève est reconductible. Si nous n'avons pas de signe du gouvernement, elle pourra devenir plus dure », menace Didier Daoulas, qui va jusqu'à envisager la possibilité, en dernier recours, de « ne plus prendre en charge les patients à la sortie de l'hôpital ».
Vers la destruction de 4 000 emplois ?
Si ce n'est pas la première fois que les PSAD ruent dans les brancards et expriment leur colère avec véhémence, ils estiment que la situation est cette fois devenue vraiment alarmante pour leur secteur qui concentre 2 500 entreprises et 32 000 salariés. « Le CEPS nous a imposé 700 millions d'euros d'économies sur les 10 dernières années, fustige Charles-Henri des Villettes, président de la Fédération des PSAD. On nous impose une baisse tarifaire tous les 4 mois en moyenne. Encore récemment, 9 % de baisse sur l'insulinothérapie par pompe, 10 % sur l'apnée du sommeil, on nous exclut quasiment du dispositif Diabeloop et le PLFSS prévoit 200 millions d'euros d’économies cette année », liste Charles-Henri des Villettes. Ce dernier redoute « la destruction de 4 000 emplois » dans les mois qui viennent, d'autant plus que le Covid a occasionné 120 millions d'euros de pertes pour les PSAD en 2021.
Au-delà des conséquences sur l'emploi, les PSAD redoutent que les coupes budgétaires ne finissent par impacter réellement « la qualité de la prise en charge des patients ». Ils attendent du gouvernement et des autorités de sanitaires des prises de décision fortes et des changements radicaux. « Nous demandons la réouverture des négociations sur les baisses tarifaires, le gel des mesures d'économies inscrites au PLFSS et l'organisation d'un "Ségur de la santé à domicile" pour que l'on réfléchisse enfin à des mesures plus durables et structurelles. Nous souhaitons également que les PSAD soient considérés comme des acteurs de santé à part entière. Aujourd'hui nous n'avons pas la place que nous devrions avoir », estime Charles-Henri des Villettes.
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