La Direction générale de la Santé (DGS) a rappelé au groupe Carrefour qu’il serait « dans l’illégalité » s’il mettait des autotests Covid en vente dès ce samedi, aucun texte ne l’y autorisant pour le moment.
Le géant de la GMS devra donc patienter avant de commercialiser des autotests dans les rayons de ses parapharmacies. Pour rappel, Carrefour avait annoncé, par un tweet, la mise en vente de ces tests rapides de dépistage du Covid dès ce samedi. « Ce sont des effets d’annonce, de la publicité mensongère », vilipende Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « L’autotest est un dispositif médical de diagnostic in vitro, donc un produit du monopole pharmaceutique. Pour déroger à ce monopole inscrit dans la loi, il faudrait une ordonnance ratifiée par le président de la République ». Or, une telle modification demande du temps et ne pourrait en aucun cas être effective dès ce week-end. Surtout, affirme le président de la FSPF, « le ministre de la Santé a déjà répondu qu’une telle vente en grande surface serait un exercice illégal de la pharmacie et qu’il n’y aurait donc pas d’autotest en vente chez Carrefour ce week-end. Nous avons obtenu l’assurance écrite du cabinet du ministre qu’il n’y aurait pas de modification des textes de loi pour déroger au monopole pharmaceutique », annonce Philippe Besset. Le président de la FSPF reste tout de même vigilant à tout futur changement de doctrine, toujours échaudé par « la bataille perdue sur les tests de grossesse » en 2014 et vendus depuis en GMS.
Comme l’explique Oren Bitton, directeur commercial de Biosynex, seul laboratoire français dont l’un des autotests est aujourd’hui validé en Allemagne, les fabricants n’ont pas encore pu transmettre leurs dossiers à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour faire évaluer leurs autotests. « Les inscriptions n’ont pas débuté, il faut tout d’abord annuler le décret qui interdit la vente d’autotests en France, cela prendra un certain temps, confirme-t-il. Tant que le cadre légal n’est pas défini, il faut être patient. Les distributeurs doivent attendre de savoir quels tests seront bel et bien validés. » Et éviter ainsi de faire la même erreur que Carrefour, qui en annonçant la vente imminente d’autotests dans ses magasins a mis en photo un produit de la marque chinoise Wondfo qui se trouve être un TROD antigénique classique dont l’utilisation est réservée aux professionnels de santé. « Jamais ce type de produit ne sera vendu en GMS. Les pharmaciens eux-mêmes ne peuvent pas le vendre à leurs patients. C’est une boîte de 20 tests avec une seule notice, donc leur utilisation est réservée aux pharmaciens ou aux autres professionnels de santé », précise Oren Bitton.
Alors que l’ensemble des représentants de la profession ont publié hier un communiqué commun pour exiger la réalisation des autotests par les professionnels de santé et uniquement par eux, les biologistes sont également montés au créneau pour dénoncer l’arrivée possible d’autotests dans les supermarchés. Des biologistes qui, globalement, ne sont montrent pas très favorables à l’utilisation de ces tests dont la fiabilité est inférieure à celle des tests antigéniques et RT-PCR. « Nous alertons les Français sur la bonne utilisation de ces tests dont la sensibilité ne dépasse pas les 50 % chez les patients asymptomatiques. Cela signifie que 50 % des patients porteurs de l’infection Covid-19 ne développant pas de symptômes auront un test faussement négatif. C’est comme tirer à pile ou face », résument-ils. « Il est paradoxal d’imposer une remontée informatique des résultats par l’ensemble des biologistes, pharmaciens, médecins et établissements de santé et laisser, dans le même temps, des tests en vente libre sans encadrement par un professionnel de santé […] Nous demandons une clarification au ministère sur l’utilisation de ces dispositifs et rappelons un principe simple : la santé n’est pas une marchandise », tiennent-ils à rappeler.
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires