Les premiers témoignages ont afflué sur les réseaux sociaux en début de semaine. Sur Twitter et plusieurs groupes Facebook dédiés aux pharmaciens, les mêmes situations : des préparateurs et des pharmaciens ont été contactés par des représentants d'Intermarché, Casino, Leclerc, Super U et bien d'autres, souhaitant leur céder des centaines d'autotests qu'ils n'ont plus le droit de vendre depuis le 15 février.
Une certaine ironie du sort qui a un savoureux goût de revanche. L'autorisation offerte aux grandes surfaces de vendre des autotests avait été très mal vécue par la profession, qui y voyait les premiers signes d'une volonté de la grande distribution de s'attaquer au monopole de l'officine. Des offres qualifiées d'« hallucinantes » et « honteuses » par des pharmaciens mi-amusés, mi-scandalisés de cette initiative.
Pour Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), « si j’ai une consigne à donner aux pharmaciens, c’est qu’ils leur laissent leurs stocks. Peut-être qu'en se retrouvant avec des stocks invendables et donc des pertes, les grandes surfaces seront dissuadées, à l'avenir, de jouer dans notre cour. Il faut leur prouver qu'elles seront perdantes économiquement à chaque fois qu'elles s'attaquent aux pharmacies ».
Si aucun prix n'a été évoqué, les représentants des grandes surfaces ne recevant que des refus alliant politesse et moquerie, certains officinaux restent néanmoins inquiets. « C'était déjà ahurissant qu'ils aient eu le droit de vendre des autotests. Nos stocks avaient même été bloqués pour les approvisionner », rappelle Isabelle, une pharmacienne assistante dans les Alpes-Maritimes. « La vente d'autotests en pharmacie, c'est une mission de santé publique, nous étions là pour aider les labos, les centres de dépistage… alors que pour les grandes surfaces, c'était juste une histoire d'argent ! ».
Car, derrière cette anecdote, se cache une fois de plus la volonté de faire tomber le monopole de la pharmacie et de récupérer les médicaments.
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