La Haute autorité de santé (HAS) préconise de rendre obligatoire la vaccination contre la rougeole pour les professionnels de santé. L'autorité sanitaire estime en revanche que la vaccination antigrippale doit simplement rester recommandée pour ces derniers.
La HAS a publié ce 31 juillet la seconde partie de ses travaux consacrés aux obligations et recommandations vaccinales des professionnels de santé. Après un premier volet notamment dédié à la vaccination anti-Covid, il était cette fois question des vaccins actuellement recommandés pour les professionnels, notamment ceux contre la coqueluche, la grippe, l'hépatite A et la varicelle. Dans ce second avis, fondé sur les dernières données épidémiologiques disponibles et sur les résultats d'une consultation publique menée du 21 juin au 7 juillet, la HAS « recommande au ministère de mettre en œuvre pour les professionnels une obligation d'immunisation contre la rougeole, et de maintenir les recommandations de vaccination contre la coqueluche, la grippe, l'hépatite A et la varicelle ».
L'obligation de vaccination contre la rougeole constitue donc le seul changement notable, mais d'importance, par rapport aux recommandations jusqu’alors en vigueur. « Maladie infectieuse figurant parmi les plus contagieuses, la rougeole peut entraîner des complications sévères chez les personnes non immunisées, particulièrement les nourrissons de moins de 12 mois, les jeunes adultes, les femmes enceintes et les patients immunodéprimés. Ce risque est particulièrement présent en milieu de soins et touche le personnel soignant et les patients. Des études de Santé publique France indiquent que les professionnels de santé sont impliqués dans 75 à 83 % des cas de rougeole en établissement de santé en France », explique la HAS. L'autorité sanitaire justifie également sa décision par l'existence d'un vaccin efficace. « Concrètement, les étudiants et professionnels non vaccinés ou ne pouvant pas attester d'une contamination, devront ainsi faire l'objet d'une vaccination. En cas de doute, la HAS ouvre la possibilité qu'un test sérologique puisse être effectué en amont pour établir le statut immunitaire. Par ailleurs, ce vaccin étant contre-indiqué pour les femmes enceintes, toute femme en âge de procréer doit effectuer, en cas de doute, un test de grossesse avant une vaccination », ajoute l'autorité sanitaire. À noter enfin qu’en l'absence de disponibilité d'un vaccin rougeole non combiné et conformément au schéma vaccinal actuellement en vigueur, la HAS « préconise que cette vaccination soit administrée avec deux doses de vaccin trivalent ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Les personnes nées avant 1980 ne doivent quant à elles recevoir qu'une seule dose ».
Si la HAS veut impulser un changement de doctrine concernant la vaccination contre la rougeole chez les professionnels de santé, elle prône en revanche le statu quo concernant les autres vaccinations recommandées. Si la HAS regrette la faiblesse de la couverture vaccinale contre la grippe chez les professionnels (entre 22 et 26 % en 2021-2022) elle ne souhaite pas la rendre obligatoire à cause de « l'efficacité inconstante » du vaccin antigrippal selon les années mais aussi de « l'insuffisance des données disponibles à ce jour sur le fardeau de la grippe nosocomiale chez les personnes prises en charge ».
La HAS ne souhaite pas non plus contraindre les professionnels de santé à se faire vacciner contre l'hépatite A, l'évolution de l'infection « étant généralement bénigne », selon l'autorité sanitaire, qui évoque aussi « la circulation limitée du virus et les risques très faibles de transmission nosocomiale ». Idem pour la coqueluche pour laquelle on observe une très bonne couverture vaccinale chez les nourrissons et pour la varicelle, pour laquelle on note « une très forte proportion de personnes immunisées avant l'âge de 10 ans en France, un très faible risque de transmission par les professionnels à des personnes à risque de forme grave et l'existence de traitements antiviraux efficaces en cas d'infection ».
Comme le rappelle enfin la HAS, l'ensemble de ces recommandations « sont susceptibles d'être modifiées selon l'évolution des données et du contexte sanitaire ».
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