LE GOUVERNEMENT vient de présenter son projet de budget pour 2013. Un projet qui ne prévoit pas moins de 30 milliards d’impôts et d’économies supplémentaires pour l’année prochaine. Bien au-delà des budgets d’austérité qui ont été adoptés ces dernières années, il s’agit cette fois, déclare François Hollande, de l’effort « le plus important depuis 30 ans ». C’est dans ce contexte que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, prépare le budget de la Sécu pour 2013, qu’elle présentera en conseil des ministres le 10 octobre. Là encore l’effort demandé sera important. Rien que pour l’assurance-maladie, le gouvernement a déjà indiqué qu’il tablait sur 2,5 milliards d’euros d’économies supplémentaires. Mais cela pourrait être pire. Et le poste médicament ne sera pas épargné. Le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pourrait ainsi venir amputer la marge de la pharmacie de 300 à 400 millions d’euros via des baisses de prix, selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui organisait mercredi dernier les 5e Rencontres de son syndicat.
Substituer encore et toujours.
Au-delà des baisses de prix, les pouvoirs publics devraient également miser de nouveau sur les génériques, dans la continuité du récent renforcement de l’application du dispositif tiers payant contre génériques. Un très bon dispositif, selon le président du Gemme, Pascal Brière, mais qui doit être associé à une grande campagne de communication (voir encadré). Une telle opération ne semble pas être, pour le moment, dans les cartons des pouvoirs publics. La députée socialiste Catherine Lemorton indique toutefois qu’une campagne d’information auprès du grand public pourrait être confiée à l’INPES. Mais pour la pharmacienne toulousaine, la poursuite de la politique générique passe surtout par la formation de tous les professionnels de santé à la prescription en DCI. Également présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Catherine Lemorton entend inscrire dans le prochain PLFSS quelques dispositions favorables au développement des génériques. Elle souhaite ainsi faire voter des mesures permettant d’élargir le répertoire et d’étendre la possibilité pour les officinaux de délivrer davantage de génériques dès l’initiation du traitement.
De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) prépare un rapport sur les génériques et des communications ciblées par pathologie et par médicament. Car tout le monde est d’accord pour dire que 2011 et 2012 ont été deux années terribles pour la notoriété des génériques, attaqués de toute part et accusés de tous les maux. Au niveau de la confiance, « nous avons connu une descente en enfer, déplore Pascal Brière. Ce sera long à remonter ».
« Il n’y a pas de complot organisé contre les génériques, relativise le directeur général de l’ANSM, le Pr Dominique Maraninchi. Mais il y a tout de même quelque chose, on sème intentionnellement le doute. » « Les pouvoirs publics doivent engager une campagne pour défendre la qualité de ces médicaments », estime également Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), tout en rappelant que ces médicaments représentent « un potentiel d’économies très important ». « Ce débat sur les génériques n’a lieu qu’en France », souligne Gilles Bonnefond qui souhaiterait que l’Ordre des médecins se montre un peu plus ferme à l’encontre des praticiens qui colportent des rumeurs dans les médias.
La perspective des honoraires.
Au-delà de la substitution, les officinaux peuvent aussi compter sur la nouvelle convention et l’introduction progressive d’une part d’honoraires pour limiter l’impact sur leur économie des baisses de prix et autres mesures du PLFSS. « La ministre de la Santé ayant dit que l’on pouvait aller dans la voie de l’honoraire, nous allons pouvoir rediscuter », indique Mathilde Lignot-Leloup de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). Mais, « le temps est court pour faire un avenant d’ici à la fin de l’année », souligne-t-elle. D’autant que les syndicats ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. L’USPO se dit ainsi opposée à l’idée de transférer, dès 2013, 12,5 % de la marge. « Quand on fait des simulations, on constate que la moitié des pharmaciens gagne, et l’autre perd, s’inquiète Gilles Bonnefond. On prend à certains pour donner aux autres. » Les pharmaciens pourront aussi prochainement bénéficier de rémunérations liées à des objectifs de santé publique. « Nous travaillons actuellement sur l’avenant pour l’accompagnement des malades sous AVK », confirme Mathilde Lignot-Leloup. Le collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) se dit prêt à s’engager « à fond » dans ce domaine. Toutefois, pour son président, Pascal Louis, cela passe par une réorganisation du réseau. « Je ne suis pas sûr qu’il soit aujourd’hui adapté à ces nouvelles taches et missions que l’on nous confie », explique-t-il. Même si des nuages arrivent, l’avenir de l’officine n’est peut-être pas aussi sombre que l’on pouvait le craindre.
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