LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Êtes-vous satisfait de la révision des marges sur les grands conditionnements annoncée par le ministre de la Santé ?
GILLES BONNEFOND. – Oui, pour moi, c’est clair, il va y avoir une modification de l’arrêté de marge. Nous avions expliqué qu’il y avait un écart déraisonnable entre l’effort des industriels et celui des pharmaciens, puisque cet écart est de 1 à 10. Aujourd’hui, le ministre dit qu’il ne reviendra pas sur le principe des grands conditionnements, mais il ne veut pas non plus que cela pèse plus que de raison sur l’officine. Il souhaite donc reprendre ce dossier pour rééquilibrer les choses. Pour nous, si l’on demande un effort de 5 % aux industriels, il faut solliciter les pharmaciens à même hauteur. C’est un enjeu économique important, d’autant qu’il n’écarte pas l’idée d’étendre les conditionnements trimestriels à de nouvelles classes thérapeutiques.
La position du ministre concernant la vente de médicaments sur Internet n’est-elle pas un peu floue ?
La marge de manœuvre est étroite. D’un côté, le ministre doit transposer une directive européenne plutôt favorable à la vente de médicaments sur Internet. D’un autre, il souligne que les spécialités pharmaceutiques ne sont pas des bonbons, que l’on ne peut pas banaliser leur consommation et que l’on a besoin du conseil du pharmacien. Cela veut dire que leur dispensation ne peut se faire qu’à l’officine et pas sur Internet. Trouver une solution est complexe car si le ministre modifie trop la directive, il peut s’exposer à des recours au niveau européen. Nous, ce que l’on souhaite, c’est que Xavier Bertrand demande carrément à l’Europe de changer le contenu de cette directive qui est aujourd’hui obsolète, surtout à l’heure où des opérations policières ont permis de démanteler des trafics de médicaments ou d’usages détournés sur la Toile. En revanche, nous sommes favorables à la création d’un portail donnant accès à de l’information et à des sites de pharmaciens. Mais la vente doit être interdite, sinon le maillage territorial n’y résistera pas.
L’objectif de substitution envisagé pour 2012 vous semble-t-il réalisable ?
Augmenter de 5 points le taux de substitution l’année prochaine, pourquoi pas. Mais à condition de s’attaquer à l’expansion des mentions « non substituable » sur les ordonnances. Si ce problème est réglé, l’atteinte de l’objectif de 5 points supplémentaires sera certes difficile, mais restera possible. En revanche, si rien n’est fait, on n’y parviendra pas et on aura à souffrir de nouveaux TFR. N’oublions pas non plus que des baisses de prix sur les génériques sont également envisagées.
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