L’OFFICINE VA MAL. Les syndicats de pharmaciens ne sont plus seuls à le clamer : le gouvernement semble les avoir entendus. Des négociations sont ouvertes en mai, avec la constitution d’un groupe de travail. Mais, début juillet, c’est la déception : aucune proposition n’a été arbitrée.
Pour l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), le report des décisions en septembre « est inacceptable ». La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) craint que le dialogue ne devienne conflictuel avec les pouvoirs publics, tandis que l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle les pharmaciens à agir. Les trois syndicats lancent une grève des gardes et des urgences. Le gouvernement tente de calmer les esprits en organisant une nouvelle réunion le 20 juillet. Malheureusement, rien de concret ne sort de cette nouvelle rencontre, si ce n’est le sentiment d’avoir été entendu et la fixation d’un nouveau calendrier de travail. Ce qui pousse l’USPO à ne pas maintenir le mot d’ordre de grève, contrairement à la FSPF et l’UNPF, qui estiment que les conditions ne sont pas réunies pour arrêter le mouvement.
La FSPF réclame la modification de l’arrêté de marge « afin de mieux répartir les efforts entre les acteurs de la chaîne du médicament » et la préparation du volet économique de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). L’UNPF souhaite davantage de linéarité dans la marge. Concrètement, FSPF et UNPF plaident pour un relèvement du seuil de la première tranche de la marge dégressive lissée (MDL) de 26,10 euros à 70 ou 75 euros. Une opération qui permettrait d’inclure dans cette première tranche 97 % des produits vendus et, ainsi, de « relinéariser » la rémunération, tout en résolvant le problème de la perte liée aux grands conditionnements. Afin de rester à enveloppe constante, la FSPF propose la mise en place d’un tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) dans tous les groupes génériques créés avant 2006. Pour sa part, l’USPO défend l’idée d’une augmentation du forfait à la boîte de 10 centimes et l’arrêt des grands conditionnements.
Insuffisant et incohérent.
Mais la réunion du 15 septembre ne fait aucun arbitrage entre les différentes propositions. Celui-ci est renvoyé au 25 octobre, à la veille de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Le ton monte à l’UNPF qui organise une journée morte, afin d’alerter les patients sur la dégradation du système de santé. La FSPF poursuit, elle aussi, la grève des gardes, mais sans durcir le mouvement. L’USPO, déçue de l’absence de décisions concrètes, appelle à la manifestation le 11 octobre pour « dénoncer le gaspillage lié aux boîtes de trois mois et la baisse de l’observance pour les patients chroniques » et pour s’opposer au TFR proposé par les deux autres syndicats.
Finalement, le gouvernement rend sa copie : une augmentation de 3 centimes d’euros du forfait à la boîte en échange de l’application de nouveaux TFR. Un plan jugé « insuffisant et incohérent » qui constitue « un véritable camouflet à l’égard de notre profession », selon la FSPF. Pour sa part, l’UNPF décide de « ne plus appliquer les termes de l’accord conventionnel avec l’assurance-maladie sur les objectifs de substitution générique pour 2010, tant au plan national, que départemental ou même individuel ».
Un mauvais panachage.
Jean-Jacques Zambrowski, économiste de la santé, voit la piste gouvernementale d’un mauvais œil : « Le gouvernement a fait un mauvais panachage des propositions (…) Cette mesure n’a pas de logique, ne traite rien au fond et ne répond pas de manière légitime aux préoccupations des pharmaciens. » Il va plus loin en appelant de ses vœux une rémunération « tenant compte de la valeur ajoutée du pharmacien et de son équipe, et, donc, de l’acte pharmaceutique ». Un peu comme le modèle suisse, qui, depuis dix ans, permet de rémunérer le service effectif rendu. Ou comme le modèle belge, dont la nouvelle rémunération prend en compte l’acte intellectuelle dans la dispensation. Francis Mégerlin, maître de conférence en droit et économie de la santé à l’université Paris-Descartes note que les pharmaciens belges n’en sont qu’à une première étape et doivent maintenant « dépasser la logique du forfait lié au conditionnement ». Mais le chemin est long et difficile : entre les premières manifestations des pharmaciens en Belgique et l’arrivée de cette nouvelle rémunération, sept années se sont écoulées. Les officinaux français devront encore être patients.
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