UNE SEMAINE après le début du mouvement de grève des gardes et des urgences, les syndicats d’officinaux reprennent le chemin des négociations. Ils se rendront demain au ministère de la Santé avec un objectif en tête, obtenir enfin des mesures permettant de redresser l’économie des pharmacies. La profession souffre. Le chiffre d’affaires ne progresse plus, la marge (en euros) régresse, le nombre de trésorerie négative se multiplie et les liquidations deviennent monnaie courante. « En Ile-de-France, nous avons atteint le rythme effrayant d’une fermeture par semaine », indiquait récemment au « Quotidien » le président de l’Union des pharmaciens de la région parisienne (UPRP), Patrick Zeitoun (notre édition du 10 juin). Voilà le sombre tableau de la situation économique de l’officine française. La faute à la crise ? Pas seulement. Le problème est plus profond.
Depuis 2005, les plans médicaments se succèdent, plongeant chaque année un peu plus la pharmacie dans le rouge. Sous l’effet de la maîtrise médicalisée, la consommation de médicaments a diminué de 200 millions d’unités en cinq ans. « Nous ne contestons pas ces mesures, mais nous souhaitons une prise en compte de leur impact sur notre marge », explique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). D’autant que, dans le même temps, les charges de l’officine ont augmenté. Aussi, la FSPF attend t-elle du ministère de la Santé une véritable réponse économique aux difficultés criantes qui fragilisent un nombre croissant d’officines. « Dans un contexte de raréfaction de l’offre de soins, les pouvoirs publics doivent, de toute urgence, donner au réseau officinal les moyens de sa pérennité », revendique-t-elle. « Nous souhaitons être entendus sur les difficultés économiques du réseau officinal et surtout les résoudre par des solutions équitables, bénéfiques pour tous, sans exclusive », ajoute Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Il y a urgence si nous voulons que la profession relève les défis inscrits dans la loi HPST* », poursuit-il.
Davantage de linéarité.
À la veille de la rencontre avec les pouvoirs publics, la priorité des syndicats reste la modification de la marge dégressive lissée (MDL) en vigueur, celle-ci n’étant plus adaptée au contexte économique actuel. « Il faut redonner de la linéarité à la MDL », martèle Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), afin de la mettre en adéquation avec « la faible évolution de l’ONDAM** et la fragile croissance des marchés ».
A priori, la ministre de la Santé n’aurait rien contre. En effet, Roselyne Bachelot a déjà dit qu’elle jugeait impératif d’adapter le modèle économique de l’officine à un marché du médicament structurellement moins dynamique qu’auparavant. Plus largement, elle semble être favorable à une évolution du mode de rémunération des officinaux. « Le rôle du pharmacien comme un acteur des soins de premier recours a été reconnu dans la loi Hôpital, patients, santé et territoires, déclarait-elle fin avril dans nos colonnes. Concrètement, le pharmacien sera de plus en plus impliqué dans des actions de prévention, d’éducation thérapeutique, de suivi des patients souffrant de pathologies chroniques. Cela va avoir des implications sur le mode de rémunération des pharmaciens qui va comprendre progressivement une part de rémunération forfaitaire en fonction de son implication dans ces nouvelles missions ». Mais pour les syndicats, l’heure n’est plus aux bonnes intentions. Ils veulent des actes. Et vite.
** Objectif national des dépenses d’assurance maladie.
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