Gilles Bonnefond pousse un « ouf ! » de soulagement. L’arrêté définissant les paramètres de la marge des pharmaciens pour 2019 et 2020 est enfin paru au « Journal officiel » (notre édition du 19 novembre).
Lors d’une conférence de presse, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) confie que cela n’a pas été simple. La raison de cette publication tardive ? « En refaisant les calculs, les pouvoirs publics se sont aperçus que les mécanismes étaient beaucoup plus favorables aux pharmaciens que ce qu’ils pensaient », affirme-t-il. Selon lui, le ministère de l’Économie et la Direction de la Sécurité sociale ont en effet montré leurs réticences face à une réforme trop favorable à l’officine. « J’ai tenu bon et l’arrêté est sorti », déclare Gilles Bonnefond, qui se félicite que la profession soit désormais en ordre de marche alors que le plan gouvernemental « Ma santé 2022 » va prochainement être discuté. « Il valait mieux que les pharmaciens, qui étaient toujours dans une espèce d’ambiguïté entre le statut de commerçant et celui de professionnel de santé, choisissent le camp du patient, au risque d’être exclus du plan santé, estime-t-il. C’est ce que nous avons fait avec la réforme du mode de rémunération et l’engagement de la profession dans l’accompagnement des patients et dans les services. » Pour lui, c’est aussi un moyen de se protéger des attaques de la grande distribution contre le monopole et le capital des officines. « La stratégie de l’USPO est donc payante et les pouvoirs publics estiment que nous avons trop bien négocié », conclut Gilles Bonnefond.
Marge stabilisée
Le débat actuel sur le montant de la ROSP générique pour 2019 en est, à ses yeux, un autre exemple. En fait, l’assurance-maladie envisagerait de « reprendre » les 25 millions d’euros de surplus obtenus par les pharmaciens en 2017 grâce à la substitution (165 millions d'euros au lieu des 140 millions d'euros prévus). Une performance que Gilles Bonnefond met au crédit de son syndicat. « L’USPO a signé seule l’avenant relatif à cette ROSP », rappelle-t-il. Toutefois, pour lui, si l’assurance-maladie veut récupérer ces 25 millions d’euros, c’est surtout pour corriger l’effet « trop » bénéfique sur l’économie des officines de la nouvelle rémunération. « Ce n’est pas 70 millions d’euros mais plutôt 100 millions d’euros » que la modification de la marge intervenue en janvier pourrait rapporter à l’officine en 2018, avance en substance le président de l’USPO.
Car sur les 10 premiers mois de l’année, affirme Gilles Bonnefond, « les chiffres sont excellents : on stabilise la marge malgré les baisses de prix qui continuent et les baisses de volume puisqu’on a perdu 43 millions d’unités contre une perte de 40 millions d’unités pour la même période en 2017 ». La perte de rémunération ne s'élève plus qu'à 9 millions d'euros, contre près de 125 millions d'euros entre janvier et octobre 2017, relève le syndicat. Le chiffre d'affaires progresse de 346,5 millions d'euros (contre une baisse de 242,4 millions d'euros l'an passé) alors même que le nombre d'unités vendues recule de 2 %. « Cela montre bien que le mécanisme de la réforme de la rémunération fonctionne en protégeant la marge des pharmaciens, on est très satisfait ! » insiste Gilles Bonnefond, faisant remarquer que les médicaments chers ne contribuent qu'à hauteur de 12,7 millions d'euros dans le redressement de la marge.
Enfin, en ce qui concerne les spécialités remboursables à 15 %, Gilles Bonnefond confirme que les organismes complémentaires prendront en charge les honoraires si le contrat de l’assuré prévoit le remboursement de ces médicaments. Autrement dit, si son contrat ne prend pas en charge les vignettes orange, et que l’ordonnance qu’il présente ne comporte que des médicaments non pris en charge par la complémentaire, cette dernière ne remboursera rien. Mais si elle prend en charge tout ou partie de l’ordonnance, elle remboursera l’intégralité des honoraires. « L’UNOCAM* en fait une affaire de principe en considérant qu’une complémentaire santé n’a pas à rembourser l’honoraire sur les médicaments lorsqu’elle ne prend en charge aucun des médicaments figurant sur une ordonnance », souligne le président de l'USPO.
*Union nationale des organismes complémentaires d'assurance-maladie.
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