« EN 2003, les blouses blanches sont descendues dans la rue, des pharmacies ont fermé. On est parvenu à un accord en 2004, qui est mis en œuvre depuis avril 2010. Cela veut dire qu’il y a eu 7 ans de négociations sur des modèles économiques et politiques », expliquait il y a près d’un an Christian Elsen, président de l’Association pharmaceutique belge (APB) (voir « Le Quotidien du Pharmacien » du 2 décembre 2010).
Donc, le basculement vers un honoraire ne date finalement que du mois d’avril 2010. Le modèle est intéressant dans le sens où les changements sont intervenus très récemment et l’ancien système de rémunération belge est tout à fait comparable à la marge commerciale que connaissent les officinaux Français. Désormais, la rémunération comprend un honoraire de base de 3,88 euros pour chaque médicament délivré, une marge économique de 6,04 % du prix fabricant, augmentée de 2 % au-delà de 60 euros, et des honoraires spécifiques. « La contrainte était de trouver un mode de rémunération qui ne coûtait pas plus cher à l’assurance-maladie et au patient. Il a fallu faire des choix, notamment les domaines d’application. C’est pourquoi les honoraires sont limités au domaine des médicaments remboursables en officine », indiquait Christian Elsen.
Sécuriser le revenu.
La nouvelle rémunération des pharmaciens en Belgique est donc en place depuis un an et demi et ne semble pas poser de problème d’adaptation jusqu’à maintenant. « Ce qui est intéressant dans ce contexte, c’est que les pharmaciens belges ont anticipé la bipolarisation du chiffre d’affaires de la pharmacie, ils ont compris que nous allons sortir d’un marché avec deux grandes masses. Une masse à forte valeur et faible volume, produits innovants, très coûteux, c’est un club de happy few, peu de pharmaciens toucheront à ces produits ; et une masse de gros volumes à faible valeur ne permettant pas d’assurer un revenu au pharmacien », explique Francis Mégerlin, économiste de la santé et membre du comité de pilotage de la réforme de la rémunération du pharmacien en Belgique.
La même analyse a été faite en France qui, tout comme la Belgique, veut « sécuriser le revenu pharmaceutique, non seulement pour maintenir la permanence de la fonction pharmaceutique dans le système, mais également pour qu’il soit un socle de développement de missions nouvelles ». Seul impératif : la neutralité à la fois pour le patient, le pharmacien et le payeur. Le revenu du pharmacien belge ne dépend plus de circonstances qu’il ne maîtrise pas, comme la maladie, le traitement, la politique des prix des médicaments.
« Au Québec et en Suisse, on a très tôt conçu qu’il fallait des nomenclatures permettant, sur une base objective, d’évaluer des actes. Il va donc nous falloir établir de façon analytique les types d’actes rattachés à une nomenclature, avec un codage, un coût de production, auquel doit correspondre une formation du personnel, et qui pose la question de la gouvernance interne de la pharmacie », précise Francis Mégerlin.
Toujours est-il que, plus d’un an après sa mise en place, la nouvelle rémunération du pharmacien belge « a surperformé l’ancien système de 3,3 % ».
Un exemple à suivre, bien qu’une transposition pure et simple ne soit pas envisageable.
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Gestion comptable
Fidéliser sa clientèle ? Oui, mais pas à n’importe quel prix