Dans la salle de confidentialité de la Pharmacie Victor Hugo, à Tarare (Rhône), Liliane s’installe et sort de son sac un petit flacon. Elle est venue pour son deuxième rendez-vous de dépistage de l’insuffisance rénale chronique. Lors du premier rendez-vous, elle a rempli un questionnaire, puis la pharmacienne, Géraldine Montagnon, lui a pris sa tension et a effectué un prélèvement de sang. L’objectif : dépister le débit de filtration glomérulaire et la créatinine. Lors de ce second rendez-vous, la patiente revient avec un flacon d’urine, que la pharmacienne teste à l’aide d’une bandelette.
La Pharmacie Victor Hugo propose le dépistage de l’insuffisance rénale depuis début 2021, en recrutant au comptoir les patients souffrant d’hypertension, de diabète ou de cholestérol. « Je suis venue faire mon renouvellement de médicament à la pharmacie, comme tous les mois. On m’a demandé si j’étais d’accord pour participer à un dépistage de l’insuffisance rénale. J’ai accepté car c’est toujours bien de savoir où on en est », confie Liliane.
Pour Géraldine Montagnon, « ce qui est super avec ce dépistage, c’est qu’on rentre un peu plus dans le processus d’équipe de soins, autour du patient. Nous n’avons pas la prétention d’être comme des médecins, mais nous permettons à ces personnes d’entrer dans un circuit de prise en charge ». La Pharmacie Victor Hugo a déjà effectué 70 dépistages depuis le lancement de l’opération. « Nous avons un patient qui a été pris en charge par un néphrologue au stade 4 (insuffisance rénale chronique sévère, NDLR). D’autres ont été pris en charge aux stades 3A et 3B (insuffisance rénale chronique modérée, NDLR) », indique la pharmacienne.
Trois millions de Français concernés
Près de trois millions de Français souffriraient d’insuffisance rénale chronique. Une maladie irréversible, trop souvent détectée tard, ce qui a des conséquences majeures sur la qualité de vie du patient et de ses proches. De plus, cela implique un coût important pour l’assurance-maladie, la prise en charge d’un dialysé étant de l’ordre de 10 000 euros par mois. Pour détecter les patients plus précocement, 27 pharmacies d’Auvergne-Rhône-Alpes participent depuis mars 2021 à une expérimentation de dépistage de l’insuffisance rénale.
« Nous avons été sollicités par un patient expert de l’association France rein, qui m’indiquait que 30 % des patients arrivaient en dialyse en urgence, explique Rachel Cambonie, directrice de l’URPS pharmaciens d’Auvergne-Rhône-Alpes. Nous avons alors souhaité inscrire le pharmacien dans une démarche de dépistage, pour réorienter les patients vers des néphrologues ou des médecins traitants. » L’URPS a noué un partenariat avec le réseau TIRCEL (Traitement de l’insuffisance rénale chronique en Auvergne-Rhône-Alpes) et l’association France rein. « Nous avons proposé que les pharmaciens puissent faire un recueil sanguin par capillarité, accompagné d’une prise de tension et d’un recueil des urines du patient », détaille Rachel Cambonie. Ils envoient ensuite tous ces recueils au réseau TIRCEL, où une infirmière de coordination les réceptionne et adresse si besoin le patient au néphrologue. Ce protocole est mis en place avec l’hôpital Édouard Herriot de Lyon.
Actuellement, 556 patients ont été recrutés, 25 % ont refusé le dépistage et 400 ont été réellement dépistés. 70 % des patients n’avaient pas de problèmes rénaux, 20 % des patients en étaient au stade 3A, 8 % au stade 3B et 2 % au stade 4. L’objectif est de proposer le dépistage à 1 000 patients, puis d’évaluer les résultats de l’expérimentation. « Pour l’instant, nous arrivons à un résultat de 30 % de détection en pharmacie, nous atteignons notre cible », se félicite Rachel Cambonie. Si cette expérimentation produit les résultats escomptés, l’URPS formulera une demande d’article 51.
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine