Alors que l’atteinte d’une immunité collective est encore loin, le variant Delta du Covid-19, 40 à 60 % plus contagieux que son cousin Alpha (lui-même jusqu’à 70 % plus transmissible que la souche historique), constitue une menace sérieuse de 4e vague épidémique. S’il ne représente encore que 10 % des cas positifs séquencés en France, les clusters dans les Landes et le Bas-Rhin inquiètent les autorités. L’Europe prédit sa prédominance à 90 % fin août.
Les indicateurs de l’épidémie sont tous au vert en France, sauf un. Selon Santé publique France, le séquençage des cas positifs du 13 au 19 juin a permis de repérer la mutation L452R dans 10,4 % des tests PCR soumis au criblage, contre 4,6 % moins d’une semaine plus tôt. Mais, explique l’agence, d’autres variants sont porteurs de cette mutation et le criblage n’a été réalisé que sur 41,8 % des tests positifs. Se basant sur ces données, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué hier à la sortie du conseil des ministres que la proportion était « a priori comparable à ce que nous observons aux États-Unis, et probablement en Allemagne ».
Mais ce sont surtout les disparités territoriales qui inquiètent le gouvernement : le variant Delta serait responsable de « 12 % à 13 % des contaminations en Île-de-France », « 70 % des cas positifs détectés » dans les Landes, « seul département où nous observons une hausse de l'épidémie » et « d’une soixantaine de clusters » dans le Bas-Rhin, notamment à Strasbourg.
Le Premier ministre Jean Castex, accompagné du ministre de la Santé Olivier Véran, s’est rendu ce matin à Mont-de-Marsan, préfecture des Landes, où « le taux d’incidence a dépassé le seuil de 50 pour 100 000 habitants ». « Il ne faudrait pas que la situation dans les Landes préfigure le développement de ce variant, c’est pourquoi nous essayons de mettre le paquet avec les autorités locales », a-t-il expliqué. Ce sont ainsi 40 000 à 60 000 doses vaccinales qui vont être envoyées dans les Landes dans les 7 jours à venir, le vaccin étant la « planche de salut ». Il a par ailleurs déploré la baisse du nombre de primo-injections ces derniers jours, appelant à « faire beaucoup mieux » et n’exclut pas de « différer la levée des mesures d'allègement » prévues au 1er juillet.
La source potentielle de cette poussée épidémique dans les Landes ? Un EHPAD au nord de Dax, où 29 cas de Covid-19 ont été détectés : 23 résidents – dont 3 ont dû être hospitalisés – et six soignants. Hier, lors de son audition devant le Sénat, Olivier Véran s’est ému que sur les six soignants infectés, un seul était vacciné alors que la plupart des résidents ont reçu leurs deux doses vaccinales. Un exemple qui illustre la nécessité d’une meilleure adhésion des personnels à la vaccination, sans quoi le ministre de la Santé pourrait imposer une obligation vaccinale à la rentrée prochaine.
Au Royaume-Uni, le variant Delta, plus contagieux et susceptible d’entraîner davantage de formes graves, a remplacé en quelques semaines seulement le variant Alpha, lui-même plus transmissible que la souche historique du SARS-CoV-2. Une situation qui a imposé de reculer d’un mois la dernière étape du déconfinement. Pour Gabriel Attal, la situation britannique est la preuve que « ça peut aller très vite, donc il faut être très vigilant ». Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a estimé hier que le variant Delta pourrait représenter 90 % des cas positifs en Europe à la fin août en raison d'une circulation active cet été par le biais des populations jeunes non ciblées par la vaccination.
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