Guillaume Lemaître, étudiant en 6e année
« Dans un avenir proche, la composante commerciale de la pharmacie d’officine va persister. Mais on a l’impression que ça va être de plus en plus difficile de s’en sortir, entre les baisses de marges et les tentatives de la grande distribution pour nous concurrencer. Nous serons sur deux fronts : les nouvelles rémunérations à l’acte, avec un exercice plus centré sur les services et le social, et le côté commercial qui subsistera, avec le risque de ralentir cette évolution. Une pharmacie à deux vitesses risque d’apparaître pendant la phase de transition. Dans un futur plus lointain, j’imagine les pharmacies plutôt comme des centres de consultation, de suivi, d’aide à l’observance et à l’éducation thérapeutique. Je rêve d’un cabinet médecin-pharmacien, où le pharmacien serait un consultant, rémunéré par la sécurité sociale pour son conseil et son expertise sur le médicament et complètement détaché du côté commercial. Actuellement, à force de vouloir faire du chiffre, on ne prend plus le temps de faire correctement les choses. Il faudrait que cela change à l’avenir. »
Osnath Abitbol, étudiante en 5e année
« Pour l’avenir, je pense que les pharmaciens gagneraient à miser sur les nouvelles technologies pour gagner du temps. Dans la pharmacie où je travaille par exemple, il y a un automate qui permet au pharmacien de se libérer afin de privilégier le conseil. On peut aussi proposer de nouveaux services aux patients, comme l’envoi de SMS pour prévenir qu’une commande est prête. De même, pour la vente de médicaments sur internet, il serait plus judicieux que les patients puissent passer leur commande en ligne mais venir la chercher à la pharmacie. Cela permettrait d’éviter les risques de contrefaçons. Les pharmaciens doivent aussi progresser dans leur rôle de conseil, même s’ils ont parfois l’impression de répéter ce que le médecin a dit au patient. Nous avons un rôle de santé publique très important. Enfin, j’aimerais voir d’autres spécialités se développer à l’officine, comme l’herboristerie ou la diététique. Les pharmaciens sont très axés sur le médicament alors qu’il existe d’autres domaines à développer, notamment dans la prévention ».
Simon Benhamou, étudiant en 5e année
« Je suis à la fois optimiste et pessimiste pour le futur de l’officine. Ce qui m’inquiète le plus, c’est la baisse des marges. À mon avis, les pharmacies de quartier vont disparaître et il ne restera plus que les grosses officines. Je pense aussi que la vente de médicaments en grande surface va devenir réalité, mais que cela ne touchera pas les pharmacies autant qu’on pourrait le craindre. Il n’y aura jamais autant de conseil chez Leclerc qu’en pharmacie. En revanche, je ne pense pas que les entretiens pharmaceutiques pourront être mis en place partout. Cela sera possible dans des pharmacies de campagne ou de quartier, mais pas dans des grosses pharmacies, car c’est une perte de temps et donc d’argent pour elles. Concernant la vente de médicaments sur internet, je ne suis pas inquiet. C’est bien que les pharmaciens soient les seuls autorisés à le faire, afin d’éviter les risques de contrefaçon. Les gens qui achètent en automédication savent ce qu’ils veulent, mais cela ne les empêche pas d’avoir besoin de conseils. Il faudrait qu’ils puissent facilement poser des questions sur internet et qu’il y ait des vérifications de la part du pharmacien pour éviter les interactions médicamenteuses. »
Fanny Dailly, étudiante en 5e année
« Je ne pense pas que l’exercice de la pharmacie va changer radicalement. En revanche, il sera important de valoriser les entretiens pharmaceutiques et de développer l’éducation thérapeutique. Cela fonctionne bien à l’hôpital, il peut être intéressant de le mettre en place à l’officine. Mais pour cela, il faudra que les pharmaciens soient formés régulièrement. C’est important, car beaucoup de gens viennent d’abord demander conseil à la pharmacie, avant de se rendre chez le médecin. Il faut également améliorer la coopération entre professionnels de santé. Tout cela permettrait de développer le rôle du pharmacien, qui n’est pas assez valorisé pour le moment. Il serait préférable que nous soyons reconnus pour notre rôle de conseil et d’accompagnement plutôt que comme un épicier qui se contente de vendre des boîtes. Il faut changer l’image du pharmacien. »
Jimmy Azoulay, étudiant en 5e année
« À l’avenir, la vente de médicaments sur internet va se développer. Il faut que les pharmaciens entrent sur le marché avant qu’il ne soit saturé. Pour le moment, il n’y a pas de géant comme Doc Morris en France, mais il faut prendre les places tant qu’il en est encore temps, sinon on sera dépassés. Les sites seront approuvés, reconnus, ce qui permettra de limiter le risque de contrefaçon. Concernant les nouvelles missions, les entretiens pharmaceutiques, l’éducation thérapeutique, c’est intéressant mais les petites pharmacies ne pourront pas le faire. Il faut de la place, du temps et du personnel, alors que le gain financier est limité. Globalement, les petites pharmacies risquent d’avoir du mal à tenir dans les années qui viennent. Je travaille actuellement dans une grande et une petite officine et je vois bien que la petite a des difficultés au niveau des prix, du choix des produits, ou du nombre de clients. »
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