Champions de la vaccination anti-Covid en ville, les pharmaciens ont apporté leur aide dans l'atteinte de l’objectif gouvernemental de 50 millions de Français primovaccinés à début septembre. Selon le ministère de la Santé, les officinaux sont les professionnels de ville qui « écoulent le plus rapidement les stocks », avec un taux d’utilisation des vaccins de 78 % (vs 62 % chez les médecins et 25 % chez les infirmiers), sachant que la ville totalise « 15 % des injections globales ».
Un engagement qui a pris une ampleur inédite après l’allocution présidentielle du 12 juillet annonçant la vaccination obligatoire des soignants et la mise en place échelonnée du passe sanitaire. Sans compter l’élargissement de la vaccination aux 12-17 ans pour le vaccin Moderna, validé par la Haute Autorité de santé (HAS) fin juillet. Et les précisions apportées par le ministère concernant les femmes allaitantes (qui peuvent donc être vaccinées à l’officine) et les femmes enceintes dès le premier trimestre (auxquelles les pharmaciens ne peuvent prescrire le vaccin mais sont autorisés à leur administrer).
C'est parti pour une troisième dose
Un DGS-Urgent du 30 juillet a précisé les modalités de vaccination en cas d’infection. Si elle survient moins de 15 jours après la première dose, la seconde dose doit être administrée dans un délai compris entre 2 et 6 mois. Si l’infection apparaît plus de 15 jours après la première dose, celle-ci est considérée comme une « stimulation équivalente » à une seconde dose, le schéma vaccinal est dès lors présumé complet (à l’exception des personnes immunodéprimées ou très fragiles qui doivent recevoir au moins deux doses). Attention ! La preuve de l’infection doit être recueillie et validée par un professionnel de santé pour valider ce schéma monodose et ainsi clôturer le cycle vaccinal sur la plateforme Vaccin Covid.
Aucun ralentissement n’est prévu à la rentrée puisque le gouvernement lance une campagne de rappel pour les personnes de 65 ans et plus et celles à haut risque de Covid grave. EHPAD et USLD ont passé commande auprès de leur pharmacie fin août pour une livraison prévue les 9 et 10 septembre, tandis que les vaccinateurs en ville sont autorisés à administrer cette 3e dose depuis le 1er septembre, et à utiliser des doses initialement commandées pour les primovaccinations.
Records de tests
Également très impliqués dans la réalisation des tests antigéniques depuis fin 2020, les confrères ont fait face à une forte augmentation de la demande en juillet et davantage encore en août, en raison de l’entrée en vigueur du passe sanitaire, dépassant même les 5,7 millions de tests réalisés la semaine du 9 au 15 août. Et selon les prévisions, ils devraient rester fortement sollicités en septembre et jusqu’à la mi-octobre, date fixée par l’exécutif pour mettre fin à la gratuité des tests (sauf sur prescription médicale).
À ces tests antigéniques s’ajoutent désormais les « autotests supervisés » par un professionnel de santé, prévus par un arrêté paru au « Journal officiel » le 8 août dernier et dont le résultat négatif peut être utilisé comme justificatif du passe sanitaire. Ils concernent exclusivement les personnes asymptomatiques et non cas contact. Le résultat doit immédiatement être inscrit sur SI-DEP et une confirmation par RT-PCR est obligatoire. Hors officine, le pharmacien est rémunéré 280 euros la demi-journée (4 heures minimum) ou 70 euros/heure, sauf le samedi après-midi, le dimanche et les jours fériés (300 euros/demi-journée ou 75 euros/heure). À l’officine, il est rémunéré 8,70 euros par autotest supervisé qui s’ajoutent au prix de l’autotest fixé à 4,20 euros. Différentes majorations sont prévues pour les Outre-mer. Par ailleurs, les pharmaciens peuvent distribuer les autotests aux autres professionnels de santé, qu’ils facturent alors 4,20 euros à l’assurance-maladie. Pour rappel, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a confirmé le 8 août dernier l’allongement de la validité des tests contre le Covid-19 de 48 à 72 heures.
Les « vaccinés malgré eux »
Outre les consignes en évolution constante et l’afflux de patients pour la vaccination et le dépistage, l’officine a aussi essuyé un bug conséquent les vendredi 13 et samedi 14 août. Les plateformes Vaccin Covid et SI-DEP ont connu des indisponibilités « quasi-totales », en raison d’une « sursollicitation » suivie d’une « surcharge lors du rétablissement » le samedi matin. Les professionnels ont été invités à délivrer une attestation papier au patient après dépistage, et un document d’information (ne valant pas attestation) après vaccination, dans l’attente de la saisie a posteriori dans SI-DEP et Vaccin Covid.
Mais le plus difficile à vivre, ce sont les agressions, verbales et même parfois physiques, subies par les confrères engagés dans la lutte contre le Covid-19. Le 31 juillet, un titulaire de Montpellier a été violemment pris à partie lors d’une manifestation anti-passe sanitaire alors qu’il réalisait des tests antigéniques sous un barnum. D’autres exactions du même genre, à Nancy et Fort-de-France, ont soulevé l’indignation de toute la profession. Syndicats, étudiants et Ordre se sont fendus d’un communiqué commun pour dénoncer ce « déchaînement soudain de violence ». Plus récemment, quatre pharmaciens de Corse ont reçu des enveloppes contenant une balle d’arme à feu et un message antivax. Dans les Yvelines, un titulaire a décidé d’arrêter de vacciner contre le Covid-19 après une énième agression et la démission de deux de ses employés à cause de l’agressivité des « vaccinés malgré eux ». Ambiance.
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