En Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine, les pharmaciens ont vacciné 159 139 patients contre la grippe, dans le cadre de l’expérimentation de la vaccination antigrippale à l’officine.
« C’est quatre fois plus que la prévision initiale qui était de 30 000 à 40 000 vaccinations dans ces deux régions », a souligné Gille Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). De plus, les pharmacies ont répondu massivement à l’appel : plus de 60 % des officines ont participé à l’expérimentation en Auvergne-Rhône-Alpes et 54 % en Nouvelle-Aquitaine.
Face à ce succès, le gouvernement a annoncé, le 26 mars, la généralisation de la vaccination contre la grippe en pharmacie dès 2019. Ainsi, tous les pharmaciens qui le souhaitent pourront vacciner à l'officine lors de la campagne 2019-2020, sous réserve de remplir les conditions requises (formation obligatoire, locaux adaptés…). Quant à l'année prochaine (campagne 2018-2019), la vaccination pourrait devenir autorisée dans quatre régions au lieu de deux. En effet, la loi de 2017 prévoit que l'expérimentation, d’une durée de 3 ans, pourra concerner jusqu’à quatre régions.
La profession peut se féliciter de cette généralisation, à laquelle 71,6 % des pharmaciens se sont déclarés favorables dans une enquête en ligne publiée sur « Lequotidiendupharmacien.fr » (439 réponses). En revanche, cette nouvelle mission est moins bien accueillie par certains syndicats de médecins et d'infirmiers libéraux, qui craignent notamment une concurrence et un démantèlement de leurs compétences.
Primo vaccinés toujours exclus
Si la généralisation est actée, elle ne sera pas ouverte à tous les adultes, comme le souhaitait la profession. Comme durant l’expérimentation, elle se limitera aux adultes chez qui le vaccin est recommandé (personnes de 65 ou plus, en ALD, obèses, entourage de nourrissons de moins de 6 mois ayant des facteurs de risque de grippe grave, professionnels de santé…), à l’exception des femmes enceintes et des personnes qui se font vacciner pour la première fois. Pourtant, ces restrictions de la cible vaccinale ont limité l’impact de l’expérimentation menée en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. « Beaucoup de pharmaciens ont regretté de devoir refuser l’acte de vaccination à certaines personnes, notamment aux primo vaccinants, souligne Olivier Rozaire, président de l’URPS pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes. Un grand nombre de ceux à qui on a refusé la vaccination ne sont pas repartis dans le circuit traditionnel », évoque-t-il. « Il faudrait que l’expérimentation permette de vacciner des patients demandeurs, qui ne fréquentent ni le cabinet médical, ni les infirmières, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays », commente Béatrice C, pharmacien, sur le site du «Quotidien ».
Néanmoins, malgré le maintien de ces restrictions, la généralisation de la vaccination en officine affiche clairement la volonté du gouvernement de simplifier le parcours vaccinal et de lever les freins à la vaccination. Rappelons que l’objectif premier de la vaccination en pharmacie est d’améliorer la couverture vaccinale contre la grippe, très insuffisante : en 2017, 47 % des personnes chez qui la vaccination contre la grippe est recommandée se sont fait vacciner, alors que l'objectif de santé publique est de 75 %.
C’est aussi une façon de lutter contre la forte défiance envers les vaccins qui subsiste en France aujourd’hui. Cette méfiance a également amené le ministère de la Santé à rendre obligatoire 11 vaccins pédiatriques pour les enfants depuis le 1er janvier 2018. « Avec cette obligation, mon objectif n'est pas de sanctionner, mais de rendre la confiance aux Français dans la vaccination », avait alors déclaré la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Venez participer à la conférence organisée par « Le Quotidien du pharmacien » : « Vaccination : un nouveau rôle pour le pharmacien », samedi 7 avril à 15 heures, salle Forum de la profession.
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