La prescription initiale d’une contraception hormonale et son renouvellement par le pharmacien reviennent dans le débat public. Cette fois, portés par l’Ordre, qui était auditionné au Sénat en préparation du vote du budget de la Sécurité sociale pour 2025. Et la liste de ses propositions ne s’arrête pas là.
Entendu au Sénat avec les autres professionnels de santé sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 le mardi 29 octobre, l’Ordre des pharmaciens n’y est pas allé par quatre chemins pour faire le ménage dans le texte, proposant même d’aller plus loin en termes de missions que ce que le gouvernement discute aujourd’hui. Et de reprocher au passage un texte « sans mesures structurantes en termes d’accès à la santé », a lancé Alain Delgutte, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) missionné pour l’audition.
Ainsi, l’Ordre s’est positionné sur les mesures du PLFSS 2025 pour lutter contre les ruptures de stock de médicaments. Aujourd'hui, si le pharmacien peut remplacer directement certains médicaments en cas de « rupture » (après recommandation de l’agence du médicament), le PLFSS prévoit qu’il puisse également le faire en cas de « risque de rupture ». Mais pour l’Ordre, cela n’est pas suffisant. Alain Delgutte propose que les élus soient « un petit peu plus ambitieux », car « les recommandations de l’ANSM arrivent toujours très, très en retard quand une rupture est signalée », signale-t-il. L’ordinal propose de laisser, « comme au Québec », le pharmacien remplacer la molécule manquante par une autre, selon des protocoles validés et sans avoir besoin d’une autorisation des instances à chaque pénurie.
Alors que plusieurs amendements visent à rendre la dispensation à l’unité obligatoire en cas de pénurie (pas moins d’une dizaine, de tout bord), l’Ordre rappelle pour la énième fois que la mesure « ne semble pas très opportune », déclare poliment Alain Delgutte. En effet, le système européen repose sur une dispensation à la boîte, excepté en Irlande et en Angleterre, « sachant que l’Angleterre revient en arrière au 1er janvier 2025, pour des raisons de sécurité des soins, de traçabilité, etc. ».
Pour aller plus loin dans l’accès aux soins, l’Ordre propose une simplification des protocoles de coopération au niveau des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé), une généralisation du pharmacien correspondant au-delà de la structure d’exercice coordonné – sans négliger l’information au médecin – et « pourquoi pas, comme dans certains pays », initier une contraception progestative ou renouveler une contraception déjà mise en place. Cette idée, qui surgit régulièrement depuis une dizaine d’années, a été évoquée par deux fois au cours de l’audition.
Ce PLFSS manque aussi de mesures de prévention. L’Ordre a proposé d’autres dépistages à l’aide de TROD qui peuvent se mettre en place à l’officine (cholestérol, insuffisance rénale…) « pour permettre à un patient de rentrer dans le système de soins et de l’orienter vers un médecin ». Alain Delgutte a profité de l’occasion pour rappeler que la profession est toujours en attente, depuis 2022, des textes autorisant l’expérimentation de la dispensation de substituts nicotiniques par le pharmacien.
L’Ordre s’est aussi félicité d’une mesure permettant au pharmacien d’adapter ou de modifier une prescription lorsque la spécialité pharmaceutique n’est pas adaptée à un usage pédiatrique. Ont également été évoqués : le travail de l’Ordre sur les outils d’information autour des ruptures couvrant l’ensemble de la chaîne du médicament, notamment via le DP (dossier pharmaceutique), et les inquiétudes de la profession autour de la financiarisation.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Excédés par les vols et la fraude à l’ordonnance
Des pharmaciens marseillais créent un groupe d’entraide sur WhatsApp
Cas de comptoir
Douleur et fièvre au comptoir