Malgré quelques difficultés techniques, les pharmaciens prennent peu à peu en main l’outil ASAFO (Alerte sécurisée aux fausses ordonnances), disponible via amelipro.fr. En plus de donner des chiffres sur l’utilisation de ce dispositif, l’assurance-maladie a également confirmé qu’une deuxième version d’ASAFO serait mise en place vers la mi-janvier.
Depuis la fin de l’été, ASAFO est accessible à tous les pharmaciens, partout sur le territoire. Lors d’une commission entre l’assurance-maladie et les pharmaciens (CPN-PA) organisée le 15 novembre, l’assurance-maladie a fait le point sur l’utilisation de ce service. Entre le mois d’août et aujourd’hui, 2 900 ordonnances ont été déposées par les pharmaciens. Sur ce total, 1 462 (soit environ la moitié) ont été attestées comme frauduleuses après examen par l’assurance-maladie. Selon les semaines, le nombre de connexions effectuées par les pharmaciens fluctue assez sensiblement (de 3 000 à 8 000). Pour la période du 4 au 8 novembre, environ 6 000 connexions ont été enregistrées, émanant de 2 300 officinaux différents.
Les ordonnances établies comme fausses après avoir été renseignées sur ASAFO concernent à 35 % des produits ou médicaments du diabète (analogues du GLP-1, capteurs…). Si l’on effectue un état des lieux par classes de médicaments, ce sont les antalgiques qui sont le plus souvent l’objet d’ordonnances frauduleuses (13 % des cas), juste devant les antidiabétiques (12 %), l’insuline (10 %) puis les narcoleptiques, les capteurs ou les anticoagulants.
L’assurance-maladie a également précisé aux syndicats les changements qui doivent permettre de rendre ASAFO plus efficient dans les semaines et mois à venir. « Fin janvier, il y aura une deuxième version qui permettra notamment aux pharmaciens d’interroger ASAFO en renseignant la carte Vitale ou le NIR du patient, explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En mettant le NIR du patient, on saura s’il y a une ordonnance qui lui correspond dans la base. C’est important car quand on reçoit quelqu’un qu’on ne connaît pas pour un médicament de plus de 300 euros, nous sommes obligés de consulter la base pour ne pas risquer un indu », rappelle-t-il. Cette version 2 doit aussi permettre de mettre fin au problème du respect de la casse, avec des recherches qui n’aboutissent pas aujourd’hui lorsqu’un nom est écrit en majuscule. De plus, des mails automatiques devraient pouvoir être envoyés par l’assurance-maladie directement aux prescripteurs pour que ces derniers puissent authentifier une ordonnance. Enfin, une version 3 d’ASAFO devrait être développée en cours d’année 2025.
Comme le souligne Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ASAFO reste néanmoins beaucoup trop lent pour pouvoir être pleinement efficace. « Aujourd’hui, lorsqu’un pharmacien dépose une ordonnance sur ASAFO, il doit attendre trois semaines ou un mois pour avoir une réponse. C’est trop long. Si je reçois un patient et que j’ai un doute, je vais lui délivrer le plus petit conditionnement possible et renseigner sur ASAFO mais si je dois attendre aussi longtemps, le patient a le temps de revenir une, voire plusieurs fois, ensuite », souligne-t-il. Un autre point intrigue le président de l’USPO. « Plusieurs fois par semaine, nous recevons des alertes des ARS sur des fausses ordonnances, les CPAM en sont informées et pourtant cela n’apparaît pas sur cet outil. Il faut mettre en place quelque chose de plus rapide, juge-t-il globalement. Aujourd’hui des pharmaciens utilisent des groupes WhatsApp pour se prévenir entre eux au niveau local et cela est plus efficace. Toutefois, ASAFO reste le système de référence pour l’assurance-maladie », rappelle-t-il enfin.
À noter que les pharmaciens pourront percevoir une ROSP associée à l’utilisation d’ASAFO pour 2024. Après modification obtenue par les syndicats, les officinaux devront simplement se connecter quatre fois au mois de décembre puis le déclarer pour percevoir cette rétribution de 100 euros, prévue dans l’avenant conventionnel signé cette année.
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