« Chaque année, je pars en Chine retrouver mes enfants. Je suis traité par Coumadine et je m’interrogeais sur l’adaptation de la posologie avec le décalage horaire. Problème résolu en une séance avec le pharmacien ! » Michel, 65 ans, témoigne avec enthousiasme des entretiens pharmaceutiques AVK qu’il a suivi au cours des derniers mois. « J’ai des connaissances solides sur mon traitement et je suis désormais capable de m’en sortir en cas d’oubli ».
Former le malade pour le rendre actif et autonome dans la gestion de son traitement, tel est l’objectif principal de l’éducation thérapeutique (ETP). En l’aidant à acquérir et maintenir des compétences d’autosoins et d’adaptation, elle vise à améliorer la santé du patient, mais aussi sa qualité de vie et celle de ses proches.
Avec la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) votée en 2009, l’éducation thérapeutique fait partie des nouvelles missions des pharmaciens d’officine. « Le pharmacien d’officine de proximité connaît bien ses patients et leur entourage, qui en retour lui accordent une grande confiance », explique le Pr Sébastien Faure, professeur de pharmacologie à l’UFR de Pharmacie d’Angers. Grâce à son expertise sur le médicament, le pharmacien a aussi toute sa place dans le parcours de soins du patient, aux côtés des autres professionnels de santé (médecins généralistes, spécialistes, infirmiers, kinésithérapeutes…).
Des missions inscrites à la Convention pharmaceutique
L’éducation thérapeutique est d’ailleurs encouragée en officine par les instances publiques. La Convention nationale pharmaceutique, signée par l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (UNCAM) et les trois syndicats de pharmaciens, a fixé les modalités du dispositif d’accompagnement des patients traités par AVK (avenant 1) et des patients asthmatiques (avenant 4), assurant d’une part le suivi régulier de ces patients, et d’autre part, la rémunération du pharmacien impliqué.
Outre ces entretiens pharmaceutiques, quelques programmes d’ETP commencent à être proposés pour les officinaux, encore peu nombreux par rapport aux programmes hospitaliers. La liste est disponible sur le site de l’ARS. Citons par exemple le programme ETOPPIA (ETP à l’officine pour les patients en post-infarctus en Anjou), le réseau Codiab Kalon’IC de Lorient (consacré au diabète, à l’insuffisance cardiaque et au haut risque cardiovasculaire) ou encore Addictlim, réseau de santé ville-hôpital en addictologie en Limousin. « Participer à un programme d’ETP relève le plus souvent de l’initiative personnelle », commente le Pr Faure. « Pour un pharmacien qui souhaiterait s’investir dans l’ETP, le plus simple est de se rapprocher de médecins de son entourage pour définir ensemble des problématiques de santé présentes sur le territoire et voir si des programmes existent déjà dans cette thématique. »
Être formé pour éduquer
Avant d’intégrer un programme d’éducation thérapeutique, le pharmacien d’officine doit justifier d’une formation validante d’une quarantaine d’heures. Son rôle ne se cantonne pas aux simples conseils sur la prise médicamenteuse. Il doit en effet respecter et suivre les différentes étapes du programme formalisé et autorisé par l’ARS.
La première est le diagnostic éducatif visant à recueillir les connaissances, les attentes et les besoins du patient. Suivent ensuite l’élaboration du programme personnalisé basé sur les priorités d’apprentissage formulées avec le patient et la mise en œuvre de ce programme par des séances individuelles et/ou collectives. Enfin, la dernière étape consiste à l’évaluation individuelle mettant en évidence les nouvelles acquisitions du patient et les répercussions de l’ETP sur sa maladie au quotidien.
La démarche d’ETP nécessite ainsi la création d’un espace de confidentialité pour accueillir les patients, mais aussi l’aménagement de l’emploi du temps de l’équipe. Malgré la permanence de la pharmacie, la prise de rendez-vous est indispensable et peut se heurter aux problèmes de disponibilité du pharmacien et/ou du patient. Autre frein : le manque de ressources et de communication avec les autres professionnels de santé impliqués, laissant une impression d’isolement.
Cependant, le retour, généralement positif des patients suivis, motive la poursuite de cette nouvelle mission de santé publique, valorisant ainsi le rôle local du pharmacien d’officine.
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