C'était il y a seulement 5 ans et cela paraît pourtant si lointain. En 2017, dans le cadre d'une expérimentation, des pharmaciens vaccinent pour la première fois des patients contre la grippe saisonnière. Une évolution qui avait alors suscité des levées de boucliers chez les syndicats de médecins qui prédisaient alors ni plus ni moins que le chaos. Difficile alors d'imaginer où en serait le pharmacien en matière de vaccination aujourd'hui.
Après l'élargissement en 2019 de la vaccination antigrippale en officine à tous les adultes pour qui elle est recommandée, les pharmaciens sont encore passés à la vitesse supérieure avec la vaccination anti-Covid. Les chiffres sont éloquents. À la date du 14 février, plus de 14 millions de vaccinations anti-Covid ont été réalisées en officine selon les chiffres d'IQVIA. Toujours selon la même source, deux officines sur trois ont proposé la vaccination anti-Covid à leurs patients. D'abord obligés de se contenter du vaccin AstraZeneca, les pharmaciens sont parvenus à convaincre les autorités sanitaires de leur confier les vaccins ARNm. Seulement autorisés à vacciner les adultes, ils ont fini par obtenir le droit de vacciner les enfants.
La crise du Covid-19 aura permis de montrer, au grand public comme aux décideurs, ce que le pharmacien peut apporter dans une période de crise comme celle que nous vivons. Pour les syndicats comme pour les officinaux de terrain, les pouvoirs accordés à la profession durant cette période doivent désormais être pérennes. Le dernier avis de la Haute Autorité de santé sur l'élargissement des compétences du pharmacien en matière de vaccination semble démontrer que nous n'en prenons pas le chemin.
Et bientôt les vaccins non vivants
Dans un avis publié le 28 janvier, la HAS a en effet recommandé de confier aux pharmaciens les « vaccins non vivants inscrits sur la liste du calendrier vaccinal, pour lesquels aucun signal de sécurité, ni de problématique en termes de gestion d’effets secondaires, n’a été identifié ». Bientôt, sauf coup de théâtre, les patients pourront prendre rendez-vous chez leur pharmacien pour se faire administrer le vaccin DTP, celui contre le papillomavirus humain ou encore ceux contre le pneumocoque, l'hépatite B ou l'hépatite A. Les pharmaciens pourront de plus administrer les vaccins contre le méningocoque B et la rage, sans pouvoir les prescrire néanmoins.
Cette confiance de plus en plus grande accordée à la profession revêt plusieurs objectifs : simplifier le parcours vaccinal, augmenter la couverture vaccinale mais aussi réduire les inégalités dans l’accès aux soins. La profession pourrait se contenter de ces victoires que l'on aurait eu peine à imaginer il y a quelques années mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pour l'instant, la HAS n'inclut pas la vaccination des moins de 16 ans, ni les vaccins vivants, dans sa recommandation. « Il aurait été important de pouvoir administrer le vaccin contre le zona en officine aux patients diabétiques », fait remarquer Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Il est regrettable que l'extension de nos compétences ne concerne pas la plupart des vaccins, à partir de l'âge de 11 ans », déplore de son côté Gilles Bonnefond, porte-parole de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Deux futurs combats à mener et la preuve, qu'en matière de vaccination, les ambitions des pharmaciens n'ont sans doute pas encore atteint leurs limites.
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