POUR examiner les pistes potentielles d’une contribution du pharmacien à la prise en charge vaccinale et proposer les conditions de cette éventuelle implication, le groupe de travail animé par Henri Lepage (5e section de l’Académie nationale de Pharmacie) s’est appuyé sur la bibliographie et l’audition de confrères et d’experts.
L’atout du DP.
Les rapporteurs soulignent tout d’abord les atouts des pharmaciens d’officine justifiant un élargissement de leur rôle : une répartition géographique assurant à la population un accès facile et direct, un approvisionnement géré et financé et un stockage respectant rigoureusement la chaîne du froid, leur rôle de conseiller et, très important, le dossier pharmaceutique (DP). Pour eux, « des systèmes d’information performants et interopérables peuvent et doivent permettre l’information utile, le rappel documenté, l’aide à la décision et le suivi rigoureux des actes comme des numéros de lots de vaccins. Cela permet d’envisager une implication active du pharmacien en coopération avec les autres acteurs de la chaîne de soins, au profit d’une couverture vaccinale effective et efficiente ».
Sur le plan technologique, il serait aisé d’apporter une extension de la mémoire du DP pour gérer le statut vaccinal des bénéficiaires (suivi et contrôle des vaccinations et des rappels). Pour prescrire et administrer le vaccin à l’officine, c’est a priori plus délicat. Aussi le rapport mentionne-t-il quelques points à prendre en considération :
- la prescription d’un vaccin étant un acte médical, ce dernier n’est en principe pas réalisable à l’officine ;
- la délivrance d’une ordonnance pose l’indication. L’administration rejoint les conditions définies pour les infirmières (pour le vaccin contre la grippe) ;
- le geste et les conditions d’administration sont facilement réalisables, à l’intérieur de locaux dont la conformité est réglementairement contrôlée ;
- les avantages sont ceux liés au rapprochement du stock (traçabilité de la délivrance et de l’administration, confort du malade). Ils constituent en outre une économie de temps médical.
Un forfait vaccination ?
Les conditions d’implication du pharmacien tenant au cadre juridique ne posant pas de gros problèmes, les rapporteurs suggèrent quelques pistes de réflexion d’ordre économique. L’acte de vaccination à l’officine pourrait ainsi faire l’objet d’un « forfait vaccination » prenant en compte les tâches dérivées : protocole de questionnement, validation, délivrance, saisie dans le DP du statut vaccinal, documentation des procédures de rappel, rapport éventuel au médecin traitant.
En conclusion, l’Académie nationale de Pharmacie recommande dans le cas général d’une situation de routine :
- l’adoption d’un texte autorisant la vaccination par le pharmacien en officine selon le protocole requis (produits et personnes, ordre des injections) à l’instar des personnels infirmiers ;
- la modification des règles d’utilisation du DP permettant son extension fonctionnelle dans le sens de la gestion du calendrier vaccinal et du statut vaccinal ;
- l’automatisation des prérequis pour une vaccination ou son rappel à partir de critères délivrés par la carte Sesam Vitale (âge) et/ou la Banque de données médicamenteuses (BDM) ;
- la certification des pharmaciens à l’acquisition du geste vaccinal ;
- l’utilisation du site Cespharm pour mettre à la disposition des pharmaciens des protocoles adaptés à leur niveau d’intervention ainsi que les éléments de langage requis ;
- l’identification, au sein de l’officine, d’un pharmacien intégré dans les procédures qualité, « référent » en charge de l’information ;
- la formation continue périodique de mise à jour des connaissances sur la vaccination (calendrier vaccinal, nouveaux vaccins) ;
- la définition de la conformité des locaux dans l’éventualité d’une administration du vaccin in situ par un pharmacien et/ou un(e) infirmier(e).
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