Téléconsultations, inscriptions des résultats des tests Covid et des vaccinations sur les plateformes SI-Dep et Si-Vac, lancement de « Mon espace santé » et bientôt de la e-prescription… déjà présent depuis de nombreuses années dans le quotidien des pharmaciens, le numérique a encore renforcé sa présence au comptoir ces dernières années et encore davantage depuis le début de la crise sanitaire. Et ce n'est qu'un début. La dématérialisation est en marche, comme en atteste l'expérimentation de la e-carte vitale, qui doit être généralisée dans le courant de l'année 2023. Les nouvelles missions confiées aux officinaux au fil des années nécessitent des compétences en matière de numérique et certains, comme Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), redoutent que certains pharmaciens ou préparateurs, qui ont commencé à exercer avant l'avènement du numérique, aient du mal à s'adapter à cette révolution.
Les jeunes générations, celles qui sont actuellement sur les bancs des facultés de pharmacie sont, elles, familiarisées depuis toujours, ou presque, avec ces nouvelles technologies. Sont-elles cependant suffisamment préparées pour pouvoir s'en servir dans un cadre professionnel, derrière le comptoir en l'occurrence ? « Il y a une appétence des étudiants pour le numérique, ils sont demandeurs », veut d'abord souligner Léa Waldura, vice-présidente de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) en charge du numérique en santé. « Nous voulons pouvoir aborder tous les changements qui vont arriver dans notre profession de demain avec sérénité. Les étudiants en pharmacie veulent être formés sur le numérique en santé, mais ce sujet est encore trop peu présent dans nos études. Aujourd'hui, ce qui nous est proposé dans nos formations est assez rudimentaire, on apprend les bases, mais c'est encore trop peu », regrette Léa Waldura.
Ces manques dans la formation initiale des étudiants expliquent pourquoi ces derniers ont parfois du mal à se représenter à quoi la notion de numérique en santé va véritablement ressembler dans leur future carrière professionnelle. « Le numérique en santé on le veut, on l'attend, on le regarde… On accompagne tout ce changement même s'il est compliqué de se l'approprier car on reste étudiants, nous sommes encore en phase d'apprentissage et nous avons parfois du mal à comprendre tous les changements. » Léa Waldura regrette également que l'avis des étudiants ne soit pas davantage écouté sur le sujet du numérique en santé. « On a parfois un peu le sentiment d'être mis de côté », ressent-elle.
Des modules de formation en santé numérique bientôt intégrés aux études de santé
Il reste donc encore beaucoup à faire pour mieux préparer les étudiants en pharmacie à la maîtrise des enjeux numériques auxquels ils seront confrontés une fois diplômés. Des lacunes qui seront peut-être en partie comblées par l'introduction des modules numériques en santé, qui doivent être ajoutés à la formation initiale des étudiants à une date qui reste encore à déterminer. Des modules qui ont été définis avec le concours des associations étudiantes, dont celui de l'ANEPF. « Les professionnels de santé sont encore trop peu formés aux enjeux du numérique en santé, alors que parallèlement les besoins et usages explosent, la formation initiale doit être un levier pour la montée en compétences au numérique en santé », pouvait-on lire dans le dossier de presse consacré à la Stratégie d'accélération santé numérique (SASN). Avec ces modules de formation en santé numérique, l'objectif est de former 210 000 étudiants répartis dans 24 filières de formations et 36 universités avec secteur santé. « On va pouvoir s'armer pour faire face à toutes ces modifications, se félicite Léa Waldura. J'ai beaucoup parlé avec de jeunes diplômés qui étaient assez dépourvus face à l'arrivée de "Mon espace santé " dans leur pharmacie et qui ne savaient pas trop comment réagir face à ça », cite-t-elle à titre d'exemple.
Alors que la profession est en constante évolution, sans cesse obligée d'acquérir de nouvelles compétences, la maîtrise du numérique sera en effet déterminante dans les années à venir. « Le numérique est forcément indispensable pour pouvoir assurer les nouvelles missions, confirme la référente numérique en santé de l'ANEPF. On espère notamment une généralisation de la téléconsultation pour permettre à ces nouvelles missions de se généraliser. Ce sera notamment nécessaire pour les patients vivant dans les déserts médicaux. En tant que pharmaciens on veut pouvoir faire le lien grâce au numérique », explique Léa Waldura.
Article précédent
Link, la plateforme digitale utilisée par 11 000 pharmacies
Article suivant
« La révolution numérique est une occasion à saisir »
Les nouvelles missions prendront-elles la relève du Covid ?
Pas de bonus « Covid » pour près d'un quart du réseau
Une marge dopée par les activités à TVA 0 %
La pénurie de personnels aura-t-elle raison de l'EBE ?
Imaginer de nouveaux modèles de management
Rémunération des gérants : + 10 %, mais pas pour tous
Cessions : la fin d'un cycle
C'est le moment d'investir dans les locaux
Ségur du numérique : les vrais enjeux et leurs impacts sur l’officine
Les premiers logiciels Ségur pour la mi-novembre
« Un progrès nécessaire » pour les pharmaciens
Les enjeux métier, pour quelle rémunération ?
Le numérique en soutien de l’interprofessionnalité et des nouvelles missions
De l’importance de l’identitovigilance
Où sont stockées les données patients ?
Ce que l'intelligence artificielle peut apporter aux grossistes-répartiteurs
Link, la plateforme digitale utilisée par 11 000 pharmacies
« Le numérique en santé n'est pas assez présent dans la formation »
« La révolution numérique est une occasion à saisir »
L'avenir de l'officine au cœur des débats
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires